Avant d’attaquer cette chronique, je me dois de lancer un avertissement: ce livre n’est définitivement pas à mettre entre toutes les mains. Je vais tenter de ne pas m’enflammer dans cette chronique, mais le caractère fortement sexué du livre, marqué par la recherche ultime du plaisir à travers la douleur pourrait gêner certaines personnes. En voilà une introduction bien étrange, mais elle me semblait nécessaire.
Frank a épuisé tout ce que la Terre pouvait offrir en sensations érotiques. Il a multiplié tellement d’expériences que plus rien ne parvient à éveiller le désir en lui. C’est au moment où il a presque atteint le stade du désespoir qu’il apprend un moyen de retrouver le goût à la vie. Un moyen ultime, connu de si peu et auquel encore moins ont survécu. La boîte de Lemarchand, un artefact mystérieux, permettrait d’ouvrir les portes vers le monde des Cénobites, censés détenir le secret du plaisir suprême. Mais dans leurs visions tordues et viciées par l’éternité, les Cénobites savent-ils vraiment où finit le plaisir et où commence la douleur?
Clive Barker offre ici une vision assez acerbe d’une humanité dévoyée, prête à tous les sacrifices afin d’obtenir ce qu’elle souhaite, de ceux prêts à sacrifier même leur vie et leur santé mentale dans une quête effrénée du plaisir, jusqu’à ceux tentés de détruire leur vie existante afin de rattraper un fantasme après lequel ils courent depuis trop longtemps.
Malgré cela, il ne reste, une fois enlevé le désespoir, le vice, la dégénérescence et la violence, que des histoires d’amour. Alors bien sur le génie de Clive Barker pour souiller presque tout ce sur quoi il écrit permet de rendre ces histoires pleines de névrose inoubliables, mais au fond le livre mérite bien cet effort, joignant amour et dégoût avec une habileté de conteur côtoyant les deux avec régularité.
Alors oui ce livre m’a provoqué un sentiment très particulier, entre curiosité malsaine et nausées violentes, à l’évocation de certains raffinements des Cénobites. Mais si la lecture de ce livre paraît pouvoir vous intéresser, alors ouvrez les portes et laissez-vous aller!
Editions Bragelonne
167 pages
Jérémy