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Interview éditeur: Monsieur Toussaint Louverture

CV KarooMonsieur Toussaint Louverture est selon moi un éditeur qui a des couilles! Il ose porter à bout de bras des textes qui ne sont pas évident et très souvent inconnu en hexagone. “Karoo” de Steve Tesich c’est lui, “Le dernier stade de la soif” de Frederick Exley encore lui, “Et quelques fois j’ai comme une grande idée” de Ken Kesey ou “Enig Marcheur” de Russell Hoban toujours lui. Vous l’aurez compris Monsieur Toussaint louverture est une maison d’édition indépendante qui petit à petit s’impose comme un incontournable pour les amoureux de la littérature! Voici l’interview:

1/ Qu’est-ce qui vous a décidé à sauter le pas et à créer votre maison d’édition?
J’avais l’impression de ne savoir rien faire d’autre correctement, même si j’ai toujours cette impression… à propos de l’édition.

2/Pourquoi avoir choisi de travailler dans ce domaine?
Je ne savais ni jongler, ni peindre, ni chanter. J’aime bien donner des ordres, même si la plupart du temps c’est à moi que je les donne (« Allez, feignasse, vas-y, réponds à cet interview, le type arrête pas de relancer !
— Mais tu sais bien que ça va prendre du temps, que ça ressemblera à rien, que je vais mentir, que ça ne sera sans doute pas drôle, que les gens vont avoir une image de toi déplorable.
— 1, c’est déjà le cas. 2, si tu as bien fait attention à ma formulation, tu auras remarqué l’usage de l’impératif. Je sais que tu n’es pas très fort en orthographe et conjugaison, mais l’impératif, ça veut dire : Vas-y feignasse, réponds à cet interview ! » )
Égoïstement, j’avais aussi très envie d’être moins seul.

3/ Quelle est votre politique/ligne éditoriale?
La ligne éditoriale est mon pire ennemi. Je publie ce que je peux trouver et qui me semble intéressant de faire lire à d’autres. Je me lance dans les projets qui demande du temps, de l’énergie, des idées et de l’argent par-dessus la tête. Tout ce qui est impossible (impossible à traduire, impossible à lire, impossible à vendre) m’intéresse.

4/ Comment choisissez-vous les textes, les auteurs avec lesquels vous allez travailler?
Je prends énormément de temps. Comme je ne me fais pas confiance, je cherche des indices partout, je demande à d’autres, je lis ce qu’ils écrivent à propos des livres ou des auteurs qui m’intéressent, je creuse beaucoup et doute en permanence.

5/ Comment se passe le travail avec l’auteur (et le traducteur le cas échéant) depuis la sélection de l’ouvrage jusqu’à sa sortie?
Pour le travail avec les traducteurs, mon process est vraiment très particulier, je suis intimement convaincu qu’une traduction est un travail collectif, le traducteur traduit le livre, derrière un premier réviseur vérifie si rien n’a été oublié ou rajouté ou que sais-je encore, puis une nuée de relecteurs éditeurs relisent et réécrivent s’il le faut la traduction pour qu’elle soit parfait, la plus française possible, et enfin des correcteurs traquent les fautes et les coquilles. Souvent ce processus de maturation du texte peut prendre autant de temps que la traduction elle-même. Mais le plus dur, c’est de trouver un traducteur capable de se mettre dans la foulée de l’auteur. Il est toujours possible de réécrire une traduction qui a quelques défauts, c’est impossible de reproduire la musique d’un texte si le traducteur ne l’a pas entendu. D’où le fait que je fais souvent faire beaucoup d’essais à beaucoup de traducteurs.

6/ Un coup de projecteur sur une sortie plus ou moins proche?
Price, l’autre grand roman de l’auteur de Karoo, Steve Tesich, sort fin août 2014, et c’est cool.

7/ Quel(s) texte(s) auriez-vous voulu publier?
– Portnoy et son complexe de Philip Roth.
– Marche ou crève de Stephen King.
– Ulysse de Joyce.

8/Quel(s) texte(s) êtes-vous fier d’avoir porté?
J’ai publié peu de livres, c’est ma façon de faire, mais je suis fier de tous.

9/Quel(s) texte(s) n’auriez-vous pas voulu publier?
Le Dernier Stade de la soif de Frederick Exley, car j’aurai aimé qu’on me le donne à lire ou le trouver par hasard en librairie. Le travail éditorial sur un texte modifie la lecture qu’on en a, on est à la fois un meilleur lecteur car on lit parfois jusqu’à 10 fois un livre avant de le publier, mais on le lit bien souvent en morceaux, en chantier, à l’envers, et pas de façon fini, brutale et unique. Et celui-ci, je l’aime tellement que j’aurai voulu ne pas l’éditer.

À propos Ted

Fondateur, Chroniqueur

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