Dans la sphère des éditeurs indépendants, mettons en avant Tusitala. Toute jeune soit-elle, elle possède déjà quelques titres cultes. Une maison d’édition à suivre de très près:
1/ Qu’est-ce qui vous a décidé à sauter le pas et à créer votre maison d’édition?
Nous n’avons pas vraiment sauté de pas. Nous voulions faire des livres et nous avons pris le temps qu’il fallait pour monter une structure, choisir des titres, acheter des droits, trouver un diffuseur-distributeur, faire des tableaux de chiffres et encore un tas de petites choses très liées à la production éditoriale.
2/Pourquoi avoir choisi de travailler dans ce domaine?
Je pense que c’est parce que nous aimons lire.
3/ Quelle est votre politique/ligne éditoriale?
Nous publions des livres qui nous plaisent, et nous nous sommes rendus compte que cela pouvait constituer une ligne éditoriale.
4/ Comment choisissez-vous les textes, les auteurs avec lesquels vous allez travailler?
Nous avons un trop petit catalogue pour pouvoir parler d’habitude, pour le moment, chaque livre a une histoire différente et dans la plupart des cas les auteurs sont morts.
5/ Comment se passe le travail avec l’auteur (et le traducteur le cas échéant) depuis la sélection de l’ouvrage jusqu’à sa sortie?
là encore j’aurais du mal à parler d’un travail avec l’auteur. Avec le traducteur, en revanche, il se passe en général quelque chose de plus dense dans le sens où nous tentons de l’accompagner au mieux et de suivre son travail au plus près. Tout est dans la traduction, cette étape décisive qui consiste à retranscrire le contenu et le style des textes que nous voulons faire lire au public francophone.
6/ Un coup de projecteur sur une sortie plus ou moins proche?
Le 22 mai paraîtra La révolte des cafards, second volet des Mémoires d’un bison, d’Oscar Acosta, que nous avons publié il y a un an. Il y est question des premiers pas de l’auteur avec le mouvement Chicanos, dont il est l’une des têtes de file. Travailler sur les textes d’Acosta est très particulier. Comme ils sont écris à la première personne, nous nous retrouvons sans cesse face au jeu du célèbre « pacte autobiographique », qui devrait forcer l’auteur à se montrer nu, dans toute sa vérité (c’est d’ailleurs la première scène des Mémoires d’un bison), mais qui est constamment vicié par une mémoire alourdie par les drogues et la mégalomanie. Oscar Acosta a disparu très peu de temps après la publication de ce livre, et il reste relativement peu de témoignages le concernant. Tout ceci en fait un personnage mystérieux, antipathique et attachant. Quand à la Révolte des cafards, c’est un récit assez fidèle et honnête de ce que peut constituer une tentative de révolution au XXème siècle, aux Etats Unis, émanant d’une classe populaire et non de la bourgeoisie.
7/ Quel(s) texte(s) auriez-vous voulu publier?
Des textes que nous publierons.
8/Quel(s) texte(s) êtes-vous fier d’avoir porté?
Tous. Sans exception.