C’est en 2009 qu’Iris (illustratrice et autrice de bande dessinée québécoise) se lance dans son premier voyage en solo direction la France. Une valise, un carnet et un stylo et là voilà partie pour rejoindre ses ami·es illustrateur·rices comme Boulet, Lisa Mandel ou encore la grande Zviane qui la rejoint ! Au fil des années, elle va faire le tour du monde, de la Belgique au Japon, en passant par la Russie, et rencontrer des tas de personnes intéressantes lors des salons, des festivals de BD, mais aussi de ses résidences.
Occupez-vous des chats, j’pars ! est en quelque sorte le journal intime dessiné de ses voyages, dans lequel Iris confie sans détour aussi biens es joies que ses angoisses. À ses côtés on découvre les us et coutumes des pays visités, on salive devant les descriptions des plats qu’elle mange et on s’aperçoit que la barrière du langage n’empêche pas de communiquer quand on a un peu d’imagination et de débrouillardise ! On y croise plein de noms connus de la bande dessinée, et c’est tous·tes ensemble qu’on s’en va boire des coups ou partager un brin de causette.
Sans oublier les habituelles galères de road trip, ces anecdotes croustillantes dont Iris nous régale tout au long de ses carnets de route avec ses minis strip « Little desperate Iris » : chaussures qui puent, bouteille de sirop d’érable éclatée dans la valise ou encore galère de correspondances ou de retards de transports, elle confie ses galères avec simplicité, spontanéité et humour.
C’est d’ailleurs la grande force de ce livre, l’intimité que l’autrice parvient à instaurer en un clin d’œil et qui donne l’impression d’avoir bourlingué à ses côtés, entre potes. Car si elle partage avec bon cœur les événements légers et marquants de ses périples, elle n’hésite pas non plus à revenir sur ses périodes de doute et de solitude (coucou anxiété et syndrome de l’impostrice !). D’ailleurs, Iris emploie un code biochimique différent selon l’époque où se déroule la narration : noir et blanc pour les épisodes dessinés directement pendant ses voyages et magenta pour les souvenirs qu’elle en a. On donc un équilibre entre ressentis immédiats, écriture à chaud et une prise de recul teintée de nostalgie. Le tout est illustré d’un trait jeté et libre, un style que j’apprécie énormément pour sa sincérité et le dynamisme qui s’en dégage. Hé oui, il n’est pas toujours nécessaire d’appliquer le nombre d’or ou la règle des tiers pour faire une bande dessinée réussie !
Occupez-vous des chats, j’pars ! mêle donc carnets de résidences, escapades plus ou moins réussies, souvenirs gustatifs, partage et relations interpersonnelles marquantes. Une BD autobiographique pétillante et sensible, que je range avec soin aux côtés De l’autre côté, à Montréal d’Émilie Plateau.
Éditions Pow Pow
198 pages
Caroline