Henry Palace est policier. Il l’était en tout cas, avant de se faire mettre en retraite anticipée. Tout ça à cause de Maïa, un astéroïde qui se dirige vers la Terre et va la heurter de plein fouet, provoquant un début de fin du monde pour commencer puis la fin de toute vie par occultation du soleil. Dans l’attente de l’impact, les institutions tombent en déliquescence et les gens assouvissent leurs derniers désirs dans un début d’anarchie plus ou moins totale. Mais certains, menés par leur envie de normalité ou de continuité, décident de poursuivre leurs activités comme avant. Henry Palace fait partie de ceux-là. Alors lorsque Martha Milano, son ancienne nourrice, lui demande de retrouver son mari disparu, il se lance à tombeau ouvert dans une enquête bien plus périlleuse que ce à quoi il s’attendait de prime abord.
Dans cette suite de Un dernier meurtre avant la fin du Monde (chroniqué juste ici), Ben H. Winters continue de nous dépeindre son univers plutôt original. Si les post-apo sont légions et omniprésents dans tous les médias, les pré-apo sont moins représentés. Imaginer un pays entier vivant dans l’attente de la fin et ressentir tous les changements que cela apporterait n’est pas une mince affaire. Que deviendront les institutions, qui bien que fortes n’en ont pas moins besoin de personnel pour les incarner ? Qu’en sera-t-il des approvisionnements en énergies, en eau ou en nourriture ? Et enfin qu’adviendra-t-il de l’homme lorsque les derniers représentants de la loi auront décidé que leur vie méritera d’être reprise en main et ne plus être dédié à un illusoire maintien de l’ordre ?
Toutes ces questions que l’on se pose trouvent des débuts d’éclaircissement dans le livre. Mais au milieu de ce chaos ambiant rodent quelques parcelles d’humanité résistant au changement : McGully et Culverson, les anciens collègues d’Henry, avec qui celui-ci va toujours boire un coup au Diner local alors que celui-ci n’a que du Porridge et de l’eau à offrir depuis belles lurettes, Rocky Milano, le père de Martha, qui continue de faire tourner sa pizzeria comme si de rien n’était… Et c’est à travers leurs prismes que l’on devine mieux la perte de sens de l’humanité et son basculement dans la folie.
J-77 est un livre fort sur la fin du monde, ses conséquences et la chute de la civilisation telle que nous la connaissons aujourd’hui. L’enquête que nous suivons est bien sûr passionnante, mais beaucoup moins que son contexte, qui semble tellement plausible et dont certains passages semblent tristement d’actualité.
Editions Super 8
Traduction : Valérie Le Plouhinec
328 pages
Jérémy