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James McBride – L’oiseau du bon dieu

L’oiseau du bon dieu, c’est l’histoire d’Henry Shackleford, un jeune afro-américain, esclave, fils d’esclave, en 1856 dans une petite ville du Kansas dans les États-Unis d’Amérique. Une vie de jeune esclave, avec pas mal d’insouciance et une routine bien rodée qui assure à son père et à Henry la sécurité de la gamelle et la tranquillité vis-à-vis du propriétaire blanc.
Mais ce petit « train-train » n’est pas du goût de tout le monde, et en cette période « pré-Guerre de Sécession » certains hommes blancs s’agacent de voir la condition de l’homme noir toujours aussi peu valorisée et décident de partir en guerre pour mettre fin à l’esclavagisme en Amérique. L’un de ces hommes n’est autre que le célèbre John Brown !
Suite à une échauffourée plutôt musclée avec le propriétaire d’Henry et suite au décès du père de ce dernier, John Brown décide d’emmener Henrietta (oui il le prend pour une fille !) avec lui et de l’embarquer bien malgré lui dans sa révolution sociale.

« – Henrietta, lâche le vieux sans lever le nez de sa carte. Esclave, mais désormais libre, qu’il dit fièrement. A partir de maintenant, je l’appelle Petite Échalote, pour des raisons personnelles. (Il me fait un clin d’œil.) Le papa de cette pauvre petite fille a été tué juste sous ses yeux par ce vaurien de Dutch Henry. Ce gredin, je lui aurais bien troué l peau, mais j’étais pressé.
Je remarque que le Vieux ne mentionne pas que sa propre vie a tenu qu’à un fil, mais la pensée de P’pa carrément embroché sur cette pointe en bois me fait venir les larmes aux yeux et je m’essuie le nez, avant d’éclater en sanglots.
– Allons, allons, l’Echalote, dit le Vieux, on va arranger ça tout de suite.
Il se penche pour reprendre sa sacoche de selle, il fouille dedans et sort un autre cadeau, cette fois une robe et un bonnet tout froissés et miteux. »

Au-delà de la fiction, James McBride, sublime un acteur essentiel de l’histoire des États-Unis d’Amérique, un certain John Brown, qui fut un des premiers blancs (missionné par le seigneur), nord-américain, à remettre en cause la condition de l’homme noir, du peuple noir vivant sur le sol américain. Cet activiste sera l’élément déclencheur de la guerre de Sécession. L’homme mourra pour sa mission divine, mais les idées resteront et marqueront les esprits longtemps après. Il était habité et on peut accessoirement le traiter de terroriste, cela reste néanmoins un humaniste et un visionnaire qui fut en avance sur son temps.

Une fois la parenthèse historique achevée, revenons à l’œuvre de James McBride. Il s’agit tout simplement d’un roman incroyablement beau, prenant, pertinent et touchant. Un roman qui, dans la grande tradition des œuvres romanesques de la littérature américaine classique, n’est pas sans rappeler le talent d’un certain Mark Twain ou d’un Steinbeck. Le ton, le rythme, le style de l’auteur, les dialogues, tout est bon, la maitrise du style et du sujet sont là ! James McBride est un conteur de grande classe, qui sait adapter son écriture et son univers aux besoins de l’histoire et c’est ce qui fait que l’on ne peut qu’être absorbé dès les premières lignes par ce texte puissant, drôle et intelligent.

« L’oiseau du bon dieu » est un grand roman, très certainement une œuvre que l’on comptera dans les livres qui ont marqué 2015. John Brown et Henrietta restent en tête, la dernière page tournée, l’envie de le recommencer aussitôt est là. Une adaptation cinématographique est en préparation, qui, espérons-le, sera à la hauteur du roman.

l'oiseau du bon dieuGallmeister,
Collection Americana,
Trad. François Happe,
438 pages,
Ted.

À propos Ted

Fondateur, Chroniqueur

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