James McBride c’est l’auteur de deux romans incroyables. Miracle à Santa Anna (adapté au cinéma par Spike Lee) et surtout, l’immense et foisonnant « L’oiseau du bon dieu ». Mais ce que nous connaissions moins, c’est le parcours en tant qu’écrivain de cet auteur. De son passé de journaliste pour le News Journal de Wilmington, le Boston Globe ou encore le Washington Post entre autre.
La biographie de James Brown est un projet de longue date, qui a eu le temps de murir, s’affiner et s’affirmer dans la tête de James McBride. Là où l’on pensait que tout avait été dit sur Mr. Dynamite, James McBride voyait une injustice envers ce dernier, un imbroglio de mots dissimulant l’homme au profit de la sulfureuse star. Prenant la route du sud, retournant aux origines de l’homme derrière la Sex Machine, McBride présente dans ce texte un homme dans toute sa vérité et ses contradictions.
James Brown c’est quarante-cinq ans de carrière, deux cents millions de disques vendus, trois cent vingt et un album enregistré, seize ont été des hits. Il a écrit huit cent trente-deux chansons et a reçu quarante-cinq disques d’or. Cet homme est à la base d’une révolution musicale aux Etats-Unis, cet homme représente le carriérisme « jusqu’au boutiste », la dévotion complète pour son travail, l’acharnement dans le creux de la vague pour remonter au plus haut. Un artiste, un musicien, un homme d’affaire redoutable. Il dirigeait son orchestre d’une main de maitre, intransigeant avec ces derniers.
Mais Mr.Brown c’était aussi un homme de son temps. Il se sentait impliqué à plus d’un titre. Sur l’importance de l’éducation notamment. Répétant inlassablement aux jeunes d’étudier, d’aller à l’école s’ils voulaient devenir quelqu’un. Distribuant des cadeaux aux enfants, donnant de l’argent pour leurs études qu’ils soient noir ou blanc, ça n’avait pas d’importance.
Le portrait que dresse James McBride de Mr Dynamite, est celui d’un homme de contradiction. Un homme du sud, qui cache ses blessures, sa condition de noir ou encore ses doutes aux autres. Un homme qui accorde sa confiance très difficilement, mais est inconditionnel en amitié une fois acquise. Un homme à qui l’on ne dit pas quoi faire, mais qui sera toujours plein de conseils à votre égard.
De cette dualité est né un portrait sulfureux de l’artiste. Mi ange mi démon, tout et son contraire a été dit sur lui. C’est en partant de ce constat, et en rencontrant les proches de Mr.Brown que James McBride a voulu dresser un portrait aussi réaliste et honnête que possible.
Traversant l’histoire de l’homme, celle du sud et des Etats-Unis, James McBride offre un portrait à la fois dur et tendre, empreint d’une certaine nostalgie et avec le constat que quelque chose d’incroyable a eu lieu. Dans un style simple, très journalistique, allant à l’essentiel, son tourbillon de mots donnent à voir James Brown comme il était, ce que fut son apport à la musique et à l’histoire des Etats-Unis.
Gallmeister,
Collection American,
Trad. François Happe
336 pages.
Ted.