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Jean-Christophe Rufin – Le collier rouge

 bandeaulecollierrougeC’est d’abord la couverture qui m’a fait venir vers ce livre.
Forcément quand celle-ci expose un chien, malheureux en apparence, je ne peux que m’arrêter.
Grand bien m’en fasse..

Été 1919, Jacques Morlac, ancien poilu décoré par la nation, croupi en prison depuis la fin de la guerre. Énigmatique personnage, il supporte chaque jour la sécheresse ambiante, la faim, le désespoir et les incessants aboiements d’un chien. Son sort est entre les mains de Hugues Lantier, jeune juge, qui ne s’attendait pas à devoir faire un lien entre un prisonnier, un chien et une paysanne. L’histoire révélera le destin d’un homme qui, par ses actes anarchistes teintés d’humanisme, se retrouve, par la faute d’un gouvernement névrosé, à vivoter en cellule. Aux commandes, un juge, qui pour sa dernière affaire, va devoir faire preuve de prudence et d’ouverture d’esprit. Surtout que le condamné, arraché à sa terre natale et à sa femme, s’accroche éperdument à ses convictions.

« J’étais un petit paysan, vous comprenez ? Je ne savais rien. Même si je m’étais mis à lire avant la guerre, c’était des livres sans importance. Quand je suis revenu en permission, c’était autre chose : il fallait que je trouve des réponses. Je voulais voir ce que d’autres avaient pu comprendre de la guerre, de la société, de l’armée, du pouvoir de l’argent, de toutes ces choses que je découvrais. »

Ce court récit de Jean-Christophe Rufin est d’une richesse et d’une profondeur ahurissante. À travers une histoire pleine de psychologie, l’auteur nous livre ici une pléthore de valeur. Fidélité, amitié, combativité, sacrifice, humanité, le tout savamment incarné par le meilleur ami de l’homme. Ce meilleur ami qui n’hésitera pas à le suivre à la guerre, le protéger, l’informer et surtout l’aimer d’une façon que seuls les animaux sont capables de faire. Fatigué, usé mais toujours présent, l’animal pourrait bien détenir la clé de l’histoire.

La plume de l’auteur, intelligente et sensible, nous rapproche à chaque instant de Jacques Morlac sans pour autant dévoiler l’intrigue dès les premières pages. Jean-Christophe Rufin en joue, il délivre des bribes d’informations qui ne prendront forme qu’une fois la dernière page tournée. Court récit regorgeant d’ironies et de morales post-guerre, le collier rouge se lit d’une traite et laisse une saveur particulière.

« Les distinctions, médailles, citations, avancements, tout cela était fait pour récompenser des actes de bêtes. »

160 Pages
Gallimard
Ludo

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