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Jean-Noël Sciarini – Le garçon bientôt oublié

«J’ai parfois pleuré comme une fille et je me suis battu comme un garçon. Le contraire, tout autant. Boys don’t cry ou Girls just wanna have fun, est-ce cela le contrat pour être toléré et apprécié, dans la cour de récré, puis accepté dans la cour des grands ? Faut-il vraiment choisir son camp?»

Toni Canetto se cherche, en vain. Il ne se trouve pas. Le problème, c’est qu’il ne sait pas qui il est. Il est perdu. Complètement paumé. Alors il enquête, sonde les autres, tente de trouver dans leurs réponses, celle qui pourrait résoudre l’énigme de son existence.
Sa première piste : la musique. Il lui faut trouver la chanson qui changera sa vie. Car tout le monde en a une paraît-il.
Sa deuxième piste : l’amour, parce que «Trouver l’amour, c’est se trouver soi».

«Je dois simplement foncer vers lui, à cœur ouvert, et ne jamais le laisser s’en aller. Nous vivrons heureux, toute notre vie. (…) C’est peut-être à ça qu’on reconnaît le grand amour. Vous vous y êtes préparé toute votre vie, le traquant jour et nuit, en pure perte, mais quand il débarque enfin, une seule pensée vous traverse l’esprit : il faut tout de suite que je me tire d’ici.
J’ai pris mon cœur et mes jambes à mon cou, cafés chaises clients renversés bousculés»

Seulement, une fois trouver la chanson et le chemin d’un amour incertain, la voie/x de son existence est loin d’être toute tracée. Certes, il semble avoir retrouvé le sens d’une orientation perdue mais la direction qu’il emprunte va à contre-courant de celle des autres. Il lui faut encore trouver un bout de terre ferme, des repères stables auxquels se raccrocher pour ne pas se laisser emporter par les révélations qui se sont imposées à lui. Pour ne pas se laisser détruire par la bataille qu’il livre contre lui-même afin d’être en accord avec celle qui se cache en lui.

«Vues et membres brouillés chancelants, je sentais Toni s’effondrer en moi, contre moi. Contre les parois de ma peau.»

Et qu’il est difficile de changer de cap, de devenir ce que l’on est, d’accepter et de faire accepter une nouvelle facette de soi-même jusque là refoulée, méconnue. Alors Tino fugue. Il fuit son quotidien, l’enfermement de sa routine, le reflet d’une vie qui n’est plus la sienne pour se créer, s’inventer, se construire, se trouver. Pour se retrouver seul(e) – face à lui ? face à elle ? – loin du cadre familier sécurisant mais étouffant, face à l’inconnu, dans l’espoir de trouver ailleurs des réponses ? Sa véritable identité ? Celle qu’il est vraiment ?

«Demain, mes poumons pourront bien éclater d’avoir voulu respirer un autre air que le mien, je m’en fous.»

Jean-Noël Sciarini nous emmène sur des chemins de traverses, longs et tortueux, ceux de l’adolescence. Il a le don de mettre en exergue la complexité des sentiments, des émotions, des questions existentielles qui tourmentent garçons et filles en devenir et emportent parfois tout sur leur passage. Dans ce roman, il nous confronte au tourbillon dévastateur qui agite les pensées et les croyances de Toni, coincé(e) dans un corps qui n’est pas le sien, déchiré(e) entre le garçon bientôt oublié et la fille entre parenthèse.

«For today I am a boy
One day I grow up I’ll be a beautiful woman
One day I grow up I’ll be a beautiful girl»
Antony and The Johnsons

le-garçon-bientôt-oublié JN Sciariniéd. École des loisirs (coll. Médium), 2010
200 pages

Pauline

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Chroniqueuse

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2 Commentaires

  1. Sciarini Jean-Noël

    Bonjour Pauline,
    Un ami m’a signalé votre article, je vous en remercie et je suis touché de savoir que Toni n’est pas encore totalement oublié :-). Mon roman n’est plus disponible depuis quelques semaines (hormis j’imagine sur certains gros sites de vente en ligne dont on devinera facilement les noms…). En revanche, ayant publié les droits de mon roman cela fait déjà un petit moment que je pense à le republier sous une forme ou une autre (numérique sans doute), dans une version légèrement remaniée (et pour vous dire la vérité j’y pensais hier encore, d’où le fait aussi que votre article, comme je l’ai dit plus haut, me touche particulièrement, m’encourage à choisir une voie pour continuer à faire exister ce roman.).
    Pardonnez-moi pour ce mot bien bavard !…
    Bien amicalement,
    Jean-Noël Sciarini

    • Bonjour,
      Merci pour votre commentaire. À vrai dire j’ai entendu parlé du garçon bientôt oublié un peu par hasard sur France Inter il y a plusieurs mois déjà et (le hasard faisant bien les choses) j’ai eu le plaisir de découvrir plusieurs de vos romans. Celui-ci, entre autre, m’a particulièrement plu. J’aime beaucoup votre manière d’aborder l’adolescence et les préoccupations qui l’accompagne… Ce qu’il y a de bien avec la littérature, c’est qu’elle est intemporelle et qu’un bouquin écrit il y a trois ans comme il y a dix ou trente ans peut toujours trouver un écho dans le présent. D’ailleurs, heureusement qu’il y a les bibliothèques pour continuer de faire vivre les livres au-delà de leur actualité commerciale, car c’est là que je l’ai déniché…
      Au plaisir de lire vos prochains romans…
      C’est toujours avec enthousiasme que notre équipe de joyeux lurons partage ses coups de cœur !
      Pauline

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