Avec ce Traité des verticaux, Jérôme Gontier propose un parallèle éblouissant avec notre société de classe. Il construit un monde imaginaire tout en verticalité avec des chiourmes, des petits chefs ou encore des chefs anhypothétiques. C’est toute une population que définit le poète avec précision.
Si on prend un peu de distance pour concrétiser ce que nous décrit Jérôme Gontier, nous pouvons apercevoir l’image d’une plateforme à plusieurs étages faite de cordes, de tuyaux et de lampadaires. Cette vision totalement fantasque s’ancre pourtant dans une perception du réel.
La poésie est ici construite en alter égo d’un essai postmarxiste. Jérôme Gontier n’est pas théoricien. Il fabrique néanmoins un texte très inventif qui raconte notre société bien plus clairement. Il prouve que l’imaginaire est politique. A travers toutes ses phrases à la tonalité ironiquement scientifique, Jérôme Gontier fait mouche et joue avec notre vécu.
Traité des verticaux est l’un des nombreux textes auxquels on va s’empresser d’accoler l’étiquette « absurde ». Pourtant son sens est parfaitement compréhensible. Il n’y a rien d’absurde à reproduire dans un livre de fiction une verticalité tandis que notre monde est en manque d’horizontalité.
Le ton faussement scientifique rajoute à l’aspect corrosif d’une telle proposition. Le monde vertical qu’il décrit pourrait très bien tomber d’un moment à l’autre et laisser sur le carreau toute une économie. Mais c’est un texte à l’imaginaire bien concret. Les perspectives qu’il propose à la fin du livre sont d’autant plus réjouissantes. Elles pourraient très bien s’appliquer à notre société.
120p
Adrien