Jirô Taniguchi. Si ce nom vous dit quelque chose, c’est surement car vous l’avez déjà croisé chez votre libraire préféré au court des dernières années. Auteur japonais hyper-productif, on retrouve une bonne quarantaine de ses manga traduits en France, dont Quartier Lointain, qui lui a valu son succès actuel.
Quartier Lointain, éditions Casterman
Commençons par un très bref cours autour de la bande-dessinée nippone, qui englobe un grand nombre de style différents, chacun avec ses caractéristiques propres. Et oui, il ne s’agit pas seulement de personnages aux grands yeux brillants ou bien de petites créatures de poche, mais d’un réel pan de la culture japonaise! Jirô Taniguchi mêle deux catégories dans son oeuvre: le Seinen, ciblant un lectorat de jeunes hommes, et le Gekiga, dont la traduction littéraire est “dessin dramatique”, ayant comme trame la réalité de la vie d’adulte.
Ici, ce sont aussi bien des enfants que des personnes plus mûres dont se sert l’auteur pour évoquer les sujets qui lui tiennent à coeur, tels que la nature, le japon d’aprés-guerre, celui de l’ère Meji (1868-1912) mais surtout de toutes ces traditions qui sont encore tellement ancrées dans cet archipel en évolution constante. Cependant, que le protagoniste soit de sexe féminin ou masculin, baignant encore dans l’innocence de la jeunesse ou bien homme aguerri et accompli, il est toujours mis face à des préoccupations d’une gravité bien réelle.
Car Jirô Taniguchi traite de sujet d’une intensité profonde, où les problèmes des adultes se superposent à leur progéniture, où chaque membre d’une famille doit aider à subvenir aux nécessités, quelque soit son âge.
Souvent, la mort et la maladie rôdent à travers les pages des mangas si particuliers de l’auteur, créant une atmosphère mélancolique qui laisse une profonde empreinte même la lecture achevée. Les personnages sont des gens ordinaires, qui font face aux difficultés de l’existence toujours avec un calme et une sagesse emplis de noblesse et de courage. Agriculteur, homme d’affaire, écolier, Jirô Taniguchi parvient à retranscrire ses histoires à travers n’importe quelle enveloppe, parvenant toujours à nous faire vibrer au fil de ses trames.
Elle s’appelait Tomoji, éditions Rue de Sèvres.
Lire ses mangas, c’est trouver à coup sûr une ambiance très calme que l’on sent acquise par son expérience de la vie, laquelle se marie à merveille avec son trait extrêmement délicat et fin. Imprégné de nostalgie tendre et de mélancolie, son oeuvre alterne moments très heureux et dureté de la réalité. Il procède à une distillation de la vie quotidienne et des relations entre personnes qui nous plonge dans la vie nippone à travers les siècles.
C’est un travail rempli d’humanité, qui laisse une très forte impression qui perdure bien longtemps après avoir refermé le livre, dont la la moralité plaira aussi bien aux adeptes des manga qu’à ceux de la bande-dessinée franco-belge.
Caroline
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