Joe est un jeune garçon relativement normal, bien que la vie n’ait jusqu’à présent pas été très tendre avec lui. Son père est mort à la guerre, sa mère se bat quotidiennement avec les banquiers pour garder sa maison et les faire vivre, et pour couronner le tout, Joe est diabétique.
Lors d’une sortie scolaire, une bande de loubards l’empêchent de prendre sa ration de sucre de l’après-midi. Joe rentre chez lui, énervé, paniqué, perdu et avec une glycémie qui frôle le parquet. Sa tentative pour rejoindre la cuisine et boire un soda, rendu d’autant plus compliqué suite à une coupure d’électricité à cause de l’orage qui se déchaîne, va se transformer en une folle aventure. À moitié dans le coma, Joe se retrouve propulsé dans un monde d’héroic fantasy dans lequel son rat domestique est un fier guerrier, ses jouets des soldats luttant contre l’armée de la Mort qui prive le royaume de lumière et le mène vers l’annihilation. Joe y est connu grâce à une prophétie, et son combat pour sa vie et pour la sauvegarde du royaume de Jouetville deviennent alors profondément liés. Ses douleurs d’adolescents, de jeune homme endeuillé et en colère prennent forme dans ce monde fantasmé et crée par son hypoglycémie. La vanité de la lutte s’oppose sans cesse au désir profond de survie et le simple fait de descendre un escalier devient une épreuve mortelle parsemée de rencontres surprenantes et de dangers en tout genre.
Les dessins de Sean Murphy nous guident avec magie dans ce monde fantastique issu de la chimie du cerveau de Joe. Mais non contents de nous montrer les hallucinations due à la crise d’hypoglycémie, Sean Murphy et Grant Morrison nous baladent également dans l’esprit d’un jeune adolescent en quête de repère et qui doit affronter, parfois seul, des monstres bien terrifiant pour un jeune garçon.
Une aventure grandiose dont les dessins mêlent parfaitement les deux réalités de Joe et révèlent la face cachée de son esprit affaibli et préoccupé. La mise en page accompagne le périple dans le monde de Jouetville et les transitions entre les moments de lucidité et la replongée en hallucinations sont d’une fluidité telle que l’immersion dans l’histoire se fait sans aucun mal.
Une très belle aventure intérieure qui montre bien la complexité de nos esprits et la limite bien fine entre chimie, alchimie et fantasmagorie.
224 pages
Traduit par Martin Winckler
Urban Comics