Fraîchement débarquées dans le monde de la bande-dessinée indépendante, les éditions du Pélimantin se sont donnée pour mission de faire découvrir des talents inconnus du grand public. Aucune contrainte aux jeunes auteurs, qui peuvent donner librement court à leurs idées, quelque soit leur style ou la forme de leur art.
Ayant pour mascotte une créature chimérique regroupant deux animaux marins issus de milieux différents mais pourtant complémentaires, cette petite maison d’édition qui a tout d’une grande se défini elle-même comme étant “A l’image de son emblème, privilégiant l’hybridation et l’originalité, qu’il s’agisse d’œuvres jeunesse ou pour adultes.”
Aidée une charte graphique soignée, à la fois moderne et rafraichissante, elle nous emmène donc à la découverte de nouveaux genres graphiques.
Shelley, Après l’Autruche Tournez à Droite fait partie de cette petite famille atypique:
William, journaliste pour un magasine, doit endosser le rôle de paparazzis dans le désert américain. Sa mission: retrouver une ancienne star du cinéma recluse, la fameuse Shelley. Mais c’est sans compter les autochtones, qui ont plutôt l’air d’être décider à l’en empêcher par tous les moyens plutôt que lui fournir la moindre aide.
Peu à peu, le mystère autour de l’actrice déchue s’épaissi, et même lorsque William parvient à l’approcher, sa loufoquerie et le secret qu’elle semble si bien cacher la rendent encore plus attrayante et bizarre à la fois. Parlant à son chat et à son chien, s’inquiétant du moindre bruit, la solitude et le sable du désert ont l’air d’avoir entamé sa raison.
Une voyante de pacotille peroxydée et son enfant cleptomane, une serveuse désabusée, un gérant d’hôtel trop curieux, une ex-star hollywoodienne s’accrochant à l’espoir de retrouver les feux des projecteurs, et au milieu de tout ce beau monde marginal, un journaliste citadin au possible. Les personnages ne sont pas nombreux, appuyant de plus belle sur le côté désertique de la bourgade livrée à elle-même et évoluant hors du temps.
On ressent l’intérêt de Johann G.Louis pour les destins d’actrices déchues, les choses poussiéreuses et vétustes, qu’il met en scène dans une ambiance étrangement mélancolique, porteuse d’une touffeur latente grandissante au fur et à mesure que le piège se ressert sur William.
Le dessin extrêmement fin équilibre avec cette impression biscornue qui s’empare du lecteur. Ce trait en fil de fer, appuyant sur les faciès anticonformistes et caricaturales des protagonistes, peut sembler simpliste et brouillon au premier abord, mais il fourmille de détails et apporte une poésie décalée à cette bande-dessinée OVNI.
Jouant sur l’absurdité et le déphasage social, J.G.Louis nous emmène dans son univers aux influences graphiques Burtoniennes, teinté de drame de star et de folie de douce.
Une belle découverte qui ne laisse pas indifférent, aussi bien au niveau de l’auteur que des éditions du Pélimantin, tout deux apportant sans conteste une nouvelle pierre au monde du neuvième art.
Les éditions du Pélimantin
128 pages
Caroline