John Le Carré, pour moi, est l’incarnation du romancier de genre par excellence. Ses romans d’espionnage sont de loin les meilleurs romans sur le monde des services secrets existant. La fin de la “guerre froide” n”a pas fini la carrière du maître, bien au contraire nous avons découvert une seconde jeunesse de John Le Carré.
Depuis “Une paix insoutenable” nous avons le droit à un auteur fin analyste géopolitique cadrant systématiquement ses romans dans l’actualité’ du moment. J’ai en mémoire le génial “une amitié absolue” qui était un pamphlet incroyable contre la fabrication de fausses preuves et la guerre en Irak. “Une vérité si délicate” ne déroge pas à la règle et livre du grand “Le Carré” contestataire, subtile et brillamment rythmé.
Partant d’une opération nommée “Willife” en 2008 sur le rocher de Gibraltar, opération qui consistait à enlever un acheteur d’armes Djihadiste pour le compte des services secrets anglais, Kit Probyn, un diplomate candide, est chargé d’être la liaison téléphonique du commanditaire. Une opération si délicate que même le secrétaire particulier du commanditaire Toby Bell est mis à l’écart. Quatre ans plus tard, Probyn convoque Toby Bell, dans son manoir pour faire éclaté la vérité. S’installe alors le doute pour Toby Bell : doit-il révéler ce qu’il sait et trahir son pays ou alors doit-il garder le silence ?
Comme à son habitude les romans de Le Carré se situent avant tout dans la finesse des dialogues et en particulier dans les sous-entendus et les non-dits. “Une vérité si délicate” ne déroge pas à la règle, convoquant le spectre de la guerre anti-terroriste contre les islamistes intégristes, les récentes affaires “Snowden” ou “Julian Assange” l’auteur arrive, encore une fois, à faire subtilement passer son message et à nous faire réfléchir sur le monde dans lequel nous vivons.
416 pages
Editions du Seuil
Ted
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