Le bleu est une couleur chaude est l’histoire d’une rencontre, de celle qui change le cours de l’existence après y avoir mis le chaos. Surtout quand on est lycéenne, qu’on a du mal à démêler sentiment, volonté, croyance, désir et qu’on ne se connaît pas vraiment.
Clémentine est plutôt du genre réservée et dans la lune. Comme beaucoup d’ados, elle a la tête pleine de questions et de doutes mais sa vie se déroule sans trop d’accrocs. Jusqu’à ce qu’elle croise Emma. La fille aux cheveux bleus. Leur première rencontre dure le temps d’un regard échangé en traversant la rue.
Depuis, elle la hante. Elle s’immisce dans ses rêves sans prévenir et Clémentine la cherche des yeux sans le savoir quand elle est en ville. Son inconscient lui joue des tours et tout s’embrouille dans son esprit. Le fil de ses émotions n’est plus que nœuds et voies sans issues. Quelque chose s’est passé en elle mais elle ne sait pas quoi. Comme si les yeux bleus de cette fille avaient entre-ouvert une porte cadenassée, libérés une part d’elle-même jusque là inconnue et profondément enfouie.
Les mois passent, s’emplissent du quotidien : sorties, manifestations, amour avorté, révisions… mais la sensation d’aller à l’encontre d’elle-même persiste.
“(…) j’ai l’impression que tout ce que je fais en ce moment est contre-nature… Contre ma nature. Mais pourquoi cette vie convient aux autres et pas à moi ?”
Un soir, Clémentine tombe de nouveau sur Emma… et tout ce qu’elle s’échinait à refouler, ressurgit. Parce qu’elle est bel et bien amoureuse. Et au-delà du regard des autres, c’est à ses propres sentiments qu’elle doit faire face. Des sentiments qu’elle ne comprend pas, qui contredisent ses pensées et qu’elle a du mal à accepter. Désirer est une chose, assumer ses désirs en est une autre.
Julie Maroh nous parle d’amour, de sentiment, de désir… De tout ce qui s’impose à nous qu’on le veuille ou non, de tout ce qui naît, grandit, évolue, en échappant à notre contrôle.
Scénario et graphisme sont réussis. Le jeu de couleurs aussi, avec une grande partie (l’adolescence de Clémentine) en nuances de gris parsemés de bleu. Au fil de l’histoire, d’autres couleurs, aux teintes estompées, apparaissent sans que l’on s’en rende vraiment compte. Signe d’un équilibre retrouvé à l’âge adulte ? Pas tout à fait…
Pour Le bleu est une couleur chaude, Julie Maroh a été mainte fois primée et a notamment reçu le Prix du Public au Festival international d’Angoulême en 2011.
éd. Glénat, 2010
156 pages
Pauline