Dieu a ouvert la bouche, le monde est mort.
Tourner une bonne fois pour toute la page de l’Humanité. Consacrer sa vie à détruire le peu de chose que l’Apocalypse a laissé. Au travers d’une grille, dessinant les contours d’un groin, un anorak qui crisse sous l’effort de la violence et une carrure de taureau, « Gueule de Truie » est l’incarnation physique de la névrose des « Pères de l’Église ». Ces derniers ne souhaitant que finir l’œuvre de Dieu lui-même. Un jour pourtant il croise le chemin d’une petite fille qui porte dans ses mains une étrange boîte. Quel est le prix pour lui avoir laisser la vie sauve ?
Débute alors une histoire d’apprentissage, où derrière le fracas de la violence, de la haine se cache une petite étincelle d’espoir. Celle qui anime les hommes et les poussent toujours plus loin dans leur conquête du bonheur. À force d’être sollicitée, cette étincelle pourrait bien prendre vie et donner enfin naissance à autre chose que la destruction…
Toujours dans ce qu’elle sait faire de mieux, Justine Niogret nous propose ici un récit qui dérange. Autant par ses phrases syncopées qui véhiculent l’urgence de la situation, que par ses messages, subliminaux ou non, qui tendent à faire passer toute sorte de clin d’œil. Ses personnages, incarnant parfaitement le monde dans lequel ils évoluent, cachent tous en eux une forme palpable d’agressivité.
Une cinquantaine de page seront nécessaire pour rentrer parfaitement dans l’univers, ils vous en faudra nettement moins pour haïr profondément le protagoniste. Et c’est là qu’arrive la rupture…
Ce qui suit ne reflète évidemment que mon avis.
Justine Niogret aurait parfaitement pu se satisfaire de la forme établie dans ses premières pages. Son style haché et désordonné surprend aux premiers abords mais permet de divulguer tout un tas de symbole. Cependant, au fil de pages, la sensation de redondance thématique et allégorique entre en scène et prend le pas sur la trame principale, qui elle-même ne se trouve plus qu’en second plan. On perd le fil, on dérive dans le style brut de l’auteur et les violences gratuites ne deviennent que trop fréquentes. Le personnage s’enferme dans une routine de schizophrénie où il alterne moment lucide et moment violent à l’égard de la petite fille, et ce sur la totalité du récit. Dommage.
Un livre qui reste quand même d’une richesse rare et d’un style dévastateur. On reprochera toutefois à l’auteur d’avoir voulu trop en faire, de s’être enfermée dans son propre style, aux dépends de l’intrigue.
254 Pages
Éditions Critic
Ludo