Les Venterniers, c’est une maison d’édition et un atelier-librairie, au sein desquels travaillent des passionnés de littérature, de mots et d’images. Chaque ouvrage y est fabriqué à la main, et tous sont ainsi porteurs d’un cheminement intime, où le souci du détail transparait et où la passion de l’artisanal et du livre se ressent.
Une nouvelle collection vient aujourd’hui étoffer leur catalogue (déjà rempli de jolis trésors).
Intitulée « Les gens », elle est composée de petits livres dorés et ivoire, où auteurs et illustrateurs partagent leurs regards sur ceux qui s’aiment, ceux qui comptent, ceux qui cherchent leur chat ou encore ceux qui dansent.
Les gens qui dansent est le fruit de la collaboration entre Marcella et Marie Poirier : ici, les corps s’expriment, avec souplesse ou avec application, en riant ou en exultant.
Marcella, sophrologue et écrivaine, joue avec le rythme des phrases et crée des respirations, qui forment elles-mêmes une chorégraphie mouvante. On se laisse alors porter en un clin d’œil par la douceur de cette musicalité écrite, qui résonne en nous de manière instinctive.
Illustratrice et également enseignante de danse contemporaine, Marie Poirier imagine ici des corps dessinés avec fluidité, qui possèdent eux-mêmes leurs propres paroles. Une danse du langage oral et du lange physique nait alors.
Dans ce précieux petit livre, l’articulation entre le travail du texte et de l’illustration rappelle l’importance de faire confiance à nos corps, de les laisser s’exprimer, de rendre hommage à leur individualité. L’importance de s’aimer.
Travail poétique autour de la liberté des mouvements Les gens qui dansent est ouvrage délicat à offrir autour de soi. Le résultat d’un travail humain, façonné avec les mains et le cœur, du début à la fin.
Artiste en mosaïque, Maya Mihindou crée des livres incroyables, percutants et mélancoliques. Je vous avais déjà parlé de Sabine, il est temps maintenant de vous faire découvrir Vertébrale, sa maison de microédition. Véritable espace d’expérimentation, on y trouve des recueils de nouvelles ou de poésie et des gazettes illustrés par ses soins.
Paru en 2017 chez Vertébrale, Les Géantes est un assemblage de dessins et de poèmes venant entrecouper une nouvelle, qui se tisse au fil des pages.
Dans l’esprit nimbé de mélancolie et d’espoir des saudades, Maya Mihindou y déroule l’histoire des peuples en exode et des pays brûlés.
Les femmes y sont arbres et racines, radeaux et mémoires. Elles transmettent et guérissent, leurs corps est en bois et leur esprit aérien, à travers elles ce sont tous les mythes et les traditions ancestrales qui s’écoulent. Elles sont des géantes intérieures sur lesquelles on peut se reposer, et oublier un peu nos meurtrissures. Mais pourtant, elles tendent aussi à renouer avec des éléments à tout jamais disparus. À retrouver ce qui leur manque, dans une quête sans fin, comme un bateau perdu à tout jamais au milieu d’un monde inondé.
Maya Minhindou possède une plume profondément minérale, dans le sens où elle semble puiser ses mots tout droit des profondeurs de la terre et des origines. Ses paroles ne sont pas tournées vers l’artifice, le béton et l’aridité moderne, mais vers la nature dont l’être humain se détourne peu à peu.
Dans Les Géantes, c’est la mémoire des peuples brimés qui est exprimée. Celle des minorités écrasées et condamnées par des mastodontes aveugles. C’est l’humain végétal et animal qui survit encore, comme une braise sous la cendre.
Les gens qui dansent
Éditions Les Venterniers
32 pages
Les Géantes
Éditions Vertébrale
50 pages
Caroline