Constance est une femme de caractère, elle est aussi de meilleure constitution que son mari, Bartholomew. Alors, quand la guerre de Sécession éclate, c’est elle qui quitte l’Indiana et leur ferme, déguisée en homme sous l’identité de Ash Thompson, pour s’engager dans l’armée de l’Union et combattre les rebelles.
Loin de détoner dans les rangs, elle manie les armes avec aisance et fait preuve d’un courage sans faille. Tout semble donc sourire au soldat Thompson, qui s’illustre dans le combat comme en dehors, tuant avant qu’on la tue et se sortant toujours des mauvaises situations. C’est ainsi que Constance se taille une légende sous le nom de Gallant Ash avant d’être accusée de trahison et internée parmi les fous. C’est là qu’on met ceux qui dérangent semble t-il.
C’est blessée et hantée par l’horreur de la guerre qu’elle prend le chemin du retour. Le regard qu’elle pose sur le monde qui l’entoure n’est plus le même. Elle erre, parmi les vivants et les morts, monstres ou héros de guerre ; dans un décor en ruine où cauchemar et réalité s’entremêlent.
Neverhome retrace donc l’épopée de Constance, ou Gallant Ash pour ceux qui l’on connu vêtue d’un uniforme de soldat. Mais c’est avant tout le parcours d’une femme dans la guerre, parmi les combattants, puis sur les routes d’un pays dévasté, parmi les fantômes du passé et ceux du présent.
Une femme qui, pendant la bataille et après, ne laisse pas de vengeances inassouvies derrière elle. Constance rend coup pour coup. Avec courage mais pas toujours sans peur, sa mère l’avait prévenu, elle finit toujours pas vous rattraper : «Ta peur te trouvera toi aussi un jour, ma fille. Elle viendra te débusquer et jouera de sa ruse pour te froisser la cœur».
Neverhome est sans fioriture et si l’écriture paraît parfois un peu trop lisse, cela renforce cette impression étrange de sortir d’un mauvais rêve. D’une bulle cauchemar où Constance vit à la fois sur ses gardes et plongée dans une certaine torpeur. Il n’est pas toujours nécessaire de creuser très profond pour déterrer la noirceur de l’âme humaine en temps de guerre. Parce que personne n’en sort indemne, de la guerre ; à trop côtoyer les morts et la violence, ils surgissent de partout et elle, emplit les yeux.
éd. Actes Sud, 2015
258 pages
trad. Anne-Laure Tissut
Pauline
Totalement d’accord, lisse n’est pas le terme le plus approprié, l’écriture laisse plutôt une sensation de flottement que je n’ai pas réussi à exprimer sur le moment.
un gros coup de foudre pour moi, ce livre. je n’ai pas trouvé l’écriture lisse, mais plutôt dans un constant balancement entre la grossièreté du monde réel et l’élégance poétique du rêve, même si ce rêve est un cauchemar. Un plaidoyer puissant contre la connerie de la guerre