Tout finit, proverbent les rioteux. Pourtant, ici, le cauchemar ne fait que commencer.
L’Inquisition sainterelloise s’est mise en route et marche sur Enlori. Les doctrinaires et autres hérétiques désignés par la Papauté vont subir mille supplices tous plus terrifiants et inhumains les uns que les autres sous les pinces, piques et autres dents des treize reliques de Chincheface.
Obicion, notre officieur de justice, est traqué par un inquisiteur sadique et résolu à débarrasser la région du Centre de ce tueur de religieux et du reste de la sale engeance doctrinaire qui vient pourrir les consciences et le décor.
Malgasta continue à s’acharner pour sauver Estrec de Gourios de cet ennemi de chair tandis que Gamboisine, accompagné de Jobelot (qui recommence à jobeliner de la caboche) décide de retourner à Gourios, cette ville dont certains viennent mais que personne ne connaît et qui a été le théâtre de drames déchirants et de maléfices incompréhensibles.
Au terme de sa trilogie, Jérôme Noirez ne se laisse pas démonter et continue sur la même lancée qui fait le charme, le délice et l’horreur des précédents. Encore plus cauchemardesque et angoissant, Le carnaval des abîmes nous emmène sur la voie des révélations. La Technole, Gourios, Charnaille et sa Sainte Trinité démoniaque, tous seront là et se découvriront devant nous, bien souvent pour le pire !
Dans son talent à créer des monstres et autres créatures plus étranges et saisissantes les unes que les autres, il n’y en a pas, de mon point de vue, de meilleures et de plus familières que les archibouteuses, sous toutes leurs déclinaisons. Ces créatures des cheminées, des caves, des coins sombres et autres placards sont le meilleur symbole de Noirez : à entendre leurs noms on les connaît déjà, on devine qui elles sont, elles nous sont familières, représentantes de nos peurs, et pourtant les découvrir est un pur bonheur. On ne louera jamais assez la musicalité de l’écriture de Noirez, qui nous fredonne les plus beaux morceaux comme les pires horreurs sans que nous ne puissions nous en détacher.
Jusqu’au bout nous pourrons nous délecter de cette fresque baroque et macabre, carnaval des horreurs et des peurs qui nous envoûte et nous plonge dans des aventures incroyables, auprès de personnages qu’il est un déchirement de quitter. Féerie pour les ténèbres est une grande œuvre dont la lecture, indispensable, va emporter avec elle tous les amateurs de fantasy, d’horreur, de burlesque, ou tout simplement de belle langue et de grande littérature.
510 pages
J’ai lu / Le Bélial’
Marcelline