Le cas Annunziato est le premier roman de Yan Gauchard, un premier roman des éditions de Minuit. Ce qui promet fraîcheur littéraire et jeux multiples. Contrat rempli.
Fabrizio Annunziato est un traducteur italien et un petit plaisantin. Sa farce favorite, enfermer ses amis quelques minutes dans des endroits incongrus. Trouvant le tour peu drôle, une gardienne de musée va lui retourner la peine, et l’oublier dans la cellule numéro 5 du musée du Beato. Ce qui devait être une leçon de quelques minutes va se transformer en une pénitence de dix jours. La faute à la mort du père de la gardienne, aux grèves induites par le contexte politique italien et aux travaux prévus dans d’autres salles du musée. Enfermé, isolé et démuni, Annunziato attend sa libération. Heureusement, il a avec lui une traduction qui n’avance pas, et une jolie voisine de l’autre côté de la rue qui va le fournir en fruits. Enfin viens la libération. Du moins, la découverte et l’obligation de quitter la cellule. Pour une autre ? Qui est réellement Fabrizio ? Est-il l’homme d’une cause ?
Sans compter que, bien sûr : un couvent, même muséographie, reste sacré. N’y habite pas qui veut, de son plein gré s’entend.
L’élément déclencheur est potache, on ne s’inquiète pas car on se doute que l’issue pour Fabrizio va venir et sera positive. On s’interroge. Va-t-il percer un mystère de Fra Angelico ? Va-t-il être pris d’hallucinations dues au manque de nourriture et d’eau ? Va-t-il non pas traduire un roman mais en écrire un ? Mais surtout, que changera cette retraite forcée ?
Douce comédie, illusion ironique ou encore critique sociale de l’Italie des années 2000, Le cas Annunziato oscille brillamment entre les genres. Multipliant les références à l’imaginaire italien (coucou Stendhal), Yan Gauchard construit un univers chatoyant, bien loin de la réclusion forcée. Si les événements sont parfois rocambolesques, le style est, comme toujours chez Minuit, léger, efficace et rythmé. Mais derrière une histoire insouciante, Gauchard pointe également nos rapports à l’isolement et à l’introspection. Il évoque aussi l’héritage artistique et culturel de l’Italie, et sa place dans la société moderne du pays. Annunziato devient l’intermédiaire entre des mondes divers, un passeur à la sauce Minuit, à la fois distrayant et profond.
Editions de Minuit,
128 pages,
Aurore.