Nicolas Richard est à la traduction ce que la ponceuse Black & Decker est au bricolage – une ponceuse à tout faire – Sorte de traducteur de l’extrême réputé pour des traductions de l’impossible. Il offre surtout une constante indéniable dans son travail de traducteur : la rigueur. Mais Nicolas Richard est aussi un romancier talentueux (Les cailloux sacrés, Week-end en couples avec handicap ou encore Les Soniques écrit avec Kid Loco – Sous les noms de Niccolo Ricardo & Caius Locus). En attendant ses prochaines aventures littéraires voici son top 5 :
Le Soleil, de Jean-Hubert Gaillot
Au prétexte de nous lancer sur la trace d’un mystérieux manuscrit disparu, Gaillot nous balade avec délicatesse, nous invite à l’introspection, balaye une certaine histoire intellectuelle du XXe siècle, et nous fait goûter avec raffinement à un tempo ralenti : c’est le polar ultime, en fait !
Biblique des derniers gestes, de Patrick Chamoiseau
Un torrent généreux, une jungle aux mille lianes, une langue qui déborde, qui transpire, qui chatoie : quelle œuvre magistrale !
L’Entretien Infini, de Maurice Blanchot
Un long poème électrique dont les héros s’appellent Nietzsche, Heidegger, Wittgenstein, Mallarmé, et dont l’intrigue fragmentée oscille entre les concepts « absence de livre » et « expérience limite ».
Un Pendu ressuscité, de Denis Johnson
Un roman complètement défoncé, percé d’absences, de dérives, de réminiscences, de visions, truffé de dialogues mythiques.
World Within the Word, de William H. Gass
Recueil tonifiant et jouissif de brefs essais sur la littérature. Sartre, Proust, Stein, Lowry, Faulkner etc sont soumis à l’art de replacer chaque auteur et chaque œuvre dans une histoire exposée avec précision et pertinence. Gass parvient à admirer en critiquant ferme (l’article sur Proust est exemplaire) — possible que cette collection d’articles n’ait pas encore été traduit en français.