Premier roman de Gyrdir Eliasson, Les excursions de l’écureuil nous plonge dans une Islande où l’imaginaire côtoit le réel, et s’y mêle parfois. Ecrit en 1987, ce texte plein de poésie joue avec le caractère mystique des islandais, et nous entraine bien loin des habituels polars scandinaves. Inspiré par les contes pour la jeunesse, ce texte est publié pour la première fois en langue française. L’occasion de découvrir un des auteurs majeurs de la littérature islandaise contemporaine.
« Des soleils de rêve me réveillent et l’espace d’un instant,
je ne suis pas sûr d’être dans ce monde ou dans l’autre. »
Sigmar est un jeune garçon qui s’ennuie un peu dans son quotidien, composé de sa mère et sa grand-mère. Un quotidien à la vie rude, dans le climat quelque peu hostile des campagnes islandaises. Comme tout enfant, il en profite pour s’inventer des aventures en observant le monde qui l’entoure. Les gris se colorent, les objets deviennent des animaux vivants, souvent étranges, parfois piégés. Il construit des bateaux, opère des peluches, et se faufile dans la chambre interdite. Celle du garçon disparu, dont il n’a pas le droit de toucher les affaires. Celui qui a mis un casque qui rend invisible et ne l’a plus jamais enlevé.
Le soir, il n’hésite pas à dessiner et redessiner ce qu’il a perçu, mais les dessins sont-ils réellement un espace figé ? Alors qu’il s’applique à reproduire un écureuil, soudain Sigmar est l’écureuil. Il n’est plus sur la feuille, mais part en ville, à la rencontre de ses amis.
« J’écris et je suis déjà entré à moitié dans le dessin.
Le climat y est chaud, le paysage est beau et je n’ai pas envie de faire marche arrière.
Je sais pourtant que je ne m’attarderai pas longtemps près de la cabane.
Je vais plus loin, je saute le pas, je suis devenu écureuil. »
Servi par une écriture simple, parfois naïve mais toujours poétique, Les excursions de l’écureuil se lit d’une traite, laissant le goût d’une conversation étrange captée à travers une porte interdite. L’auteur interroge sur la solitude de l’enfant, le poids d’un deuil interdit et le recours à l’imaginaire pour s’échapper. Un récit parfois déroutant, mais qui rappelle la liberté d’inventer de l’enfance. Une qualité à soigner.
La Peuplade
Traduction de Catherine Eyjólfsson
99 pages
Aurore