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Lois Lowry – Le passeur

Après avoir connu le succès aux États-Unis, Le passeur a été traduit et publié en France par l’école des loisirs en 1994. Oui, c’était il y a bien longtemps, vingt ans avant que le film (The Giver, octobre 2014 ) ne remette en lumière ce fabuleux roman de Lois Lowry qui fait toujours autant réfléchir sur la société et son évolution…

” Si tout est pareil, on n’a plus le choix. Je veux pouvoir me lever le matin et faire des choix.”

Cette année, Jonas participe à sa dernière cérémonie, celle qui marque le passage à l’âge adulte. Comme lui tous les individus de douze ans sortent du moule standardisé et discipliné de l’enfance pour être formé à leur futur métier et se voir attribué une fonction dans la communauté. Le jeune garçon n’a pas la moindre idée de ce que lui réserve les sages, mais il leur fait confiance, car eux seuls savent ce qui est bon pour chacun d’entre eux.

“- Nous ne pouvons pas prendre le risque de laisser les gens faire des choix.
– Ce serait dangereux ? suggéra le passeur.
– Tout à fait dangereux, répliqua Jonas avec assurance. Et si on les autorisait à choisir leur conjoint ? Et s’ils faisaient le mauvais choix ? Ou si, poursuivit-il en riant presque devant l’absurdité d’une telle hypothèse, ils choisissaient leur métier ?
– Ça fait peur non ? Dit le passeur
Jonas gloussa.
– Très peur. Je ne peux même pas me l’imaginer. Nous devons vraiment empêcher les gens de faire des mauvais choix.
– C’est plus sûr.
– Oui, approuva Jonas. Beaucoup plus sûr.”

Plusieurs générations avant celle de Jonas, la communauté dans laquelle il vit a fait le choix de l’Identique. Un système où rien n’est laissé au hasard. Les inégalités, les couleurs et les saisons n’existent pas. Les habitants ne connaissent ni le chômage, ni la guerre, ni la famine. La vie de chaque individu est orchestré de la naissance jusqu’à la vieillesse. C’est le comité des sages qui décide de la composition des cellules familiales, du métier de chacun et des lois. Pour Jonas ça a toujours été ainsi et personne n’a jamais trouvé à y redire. L’idée même de désobéir ou de se révolter ne leur a jamais effleurée l’esprit. Pourquoi renonceraient-ils à cette vie paisible et sans risques où toutes les grandes décisions sont laissées à la compétence des sages ?

Dépourvue de la mémoire collective, la communauté ne connaît que son propre espace-temps. Seul le dépositaire de la mémoire possède le savoir du passé car son rôle est d’en conserver les souvenirs. Lui seul sait ce qui se passe Ailleurs et comment vivaient les Hommes avant que tout ne soit surveillé, encadré, réglementé… mais il est lui est interdit d’en parler.

“Mais pourquoi est-ce que les souvenirs ne peuvent pas être à tout le monde ?”

C’est une question parmi beaucoup d’autres que se pose Jonas après avoir découvert ce que sont les émotions, la neige, la musique… et les sensations inoubliables qu’elles procurent. Tiraillé entre la sécurité d’un monde uniformisé et l’instabilité d’une vie soumise aux aléas de la nature et des comportements humains, Jonas a le destin de toute sa communauté entre les mains. Et, pour la première fois de sa vie, il doit faire un choix…

Lois Lowry emprunte à la fois les codes de la science-fiction et du conte philosophique en nous projetant dans une société futuriste et en faisant progressivement prendre conscience à Jonas du monde qui l’entoure. Avec simplicité et dans une écriture accessible, Lois Lowry aborde à la fois la question du libre-arbitre et le thème de la mémoire et de la transmission du savoir. Elle dénonce les travers d’une société standardisée et nous fait prendre conscience de notre interdépendance “non seulement les uns avec les autres, mais avec le monde et son environnement”.

Également à découvrir : L’élue (2001), Messager (2005), et Le Fils (2014) qui vient clore cette remarquable tétralogie en regroupant les protagonistes des différentes dystopies élaborées par Lois Lowry. Les quatre romans peuvent se lire indépendamment les uns des autres mais restent inéluctablement liés…

Le passeur Lois LowryÉditions l’école des loisirs
220 pages
traduit de l’anglais (États-Unis) par Frédérique Pressmann

Pauline

À propos Pauline

Chroniqueuse

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Un commentaire

  1. C’est une auteure que je découvre et vais chercher à la connaître davantage. Le déclic est lancé

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