Le loup est de partout : il alimente les conversations et la peur des habitants, fait la une des journaux et est fortement soupçonné d’avoir mangé les trois petits cochons portés disparus. Le loup est craint, la peur du loup s’apprend et se transmet… mais n’est-ce pas une aubaine pour le commerce, les médias et les spécialistes de tous genres ? Alarmes, clôtures, cours d’auto-defense, conférences… c’est toute une économie et une vie sociale qui se sont instaurées autour d’un seule et même crainte : celle du grand méchant loup.
Ah ! Le grand méchant loup…
qui hurlait à la lune parce qu’il avait froid assis sur les rochers glacés;
qui courait, langue pendante, les poils dressés et les yeux exorbités à travers la forêt humide;
et qui, du moment où il a eu de quoi mettre ses fesses au chaud, a pu tranquillement sortir de chez lui sans terroriser les habitants de la forêt.
“Oh ce slip ? Ce slip il a changé ma vie”
Et oui, depuis qu’une bonne âme lui a tricoté un slip, sa vie et celle des autres n’est plus la même. Si le loup est ravi, les autres animaux se sentent un peu perdu sans ennemi contre qui lutter. Les croyances erronés et les rumeurs infondées n’ont plus raison d’être, et avec elles, c’est toute l’industrie de la peur qui s’écroule : à quoi vont servir la brigade et les pièges anti-loup ? Quels drames vont alimenter les journaux ? Qui, les spécialistes, vont-ils diaboliser dans leur conférence ?
Car “Peut-on vraiment faire peur en slip ?”
Finalement, seuls les écureuils semblent s’adapter à la situation. Leur commerce est bon pour tout : contre la peur, contre la crise existentielle… manger rassure et rassasie !
Mais au fait, si le loup n’y est pour rien, que sont devenus les trois petits cochons disparues ???
Voilà un album jeunesse qui détricote l’industrie de la peur en tricotant un slip au loup… allez comprendre, les coupables, s’ils en faut, ne sont pas forcément ceux que l’on croit.
Si vous avez lu la série BD des vieux fourneaux, vous connaissez sans doute le petit théâtre de marionnette “Le loup en slip” à travers lequel bien des messages sont transmis. De la même manière, cet album ouvre les yeux sur un problème de société actuel : l’enfermement entre la peur et la méconnaissance de l’autre. Court et efficace, cet album est mis en scène comme un de ces spectacles, et suscite intérêt, sourire et réflexion…
“peut-être que la peur n’est pas la seule raison de vivre”, qui sait.
Dargaud, 2016
36 pages
Pauline