De quel type de plan est-il question dans le dernier livre de Maël Guesdon ? On pourrait penser que ce « plan » est un moyen de s’en sortir, un guide pour s’évader. En quelque sorte, cette poésie permet une échappatoire, mais pas au premier abord. Mon plan de Maël Guesdon est à relier au niveau de compréhension, le plan est un point de perception. Ce n’est d’ailleurs pas parce qu’il y a l’adjectif possessif « mon » qu’il s’agit du plan personnel de Maël Guesdon. Rien ne l’indique. Il pourrait s’agir d’un possessif fictif et pluriel.
Maël Guesdon développe avec ingéniosité ce plan dans des blocs de prose où transparaît un rapport au monde à la fois préoccupé et pensif. Il y a une forme de paranoïa dans Mon plan qui découle de la position originelle de l’individu. Chacun-e perçoit ce qui l’entoure et l’interprète à sa manière. Le poète s’en amuse et tire de ce constat une poésie de l’altérité ou plutôt d’une altération de celle-ci. Le plan d’un individu n’échappe pas à la perturbation, au délire et au cabotinage. Ce qu’on perçoit peut nous jouer des tours. Ces bouts de textes possèdent à la fois une inquiétante absurdité et un humour salvateur.
On peut imaginer que cette perception du livre de Maël Guesdon développée jusqu’ici est fausse. Mais cela n’altère en rien la lecture que l’on peut en faire. C’est bien la particularité du plan proposé par le poète. Inutile de savoir si ce plan est celui de l’auteur, si c’est un plan de secours ou un point de vue. Ce qui compte finalement est de se laisser happer dans les méandres de réflexions que propose cette prose, se laisser étourdir par les solutions et les divagations. Maël Guesdon n’est pas en train de nous tromper, bien au contraire.
Ce que le poète produit est finalement très lié à l’un des pouvoirs de la littérature. Il crée une abstraction autour d’un point précis. Le plan se retrouve ici indéterminé et indéterminable malgré l’adjectif possessif et le nom de l’auteur sur la couverture. La lecture en devient d’ailleurs beaucoup plus réjouissante quand on accepte cette indétermination. On se perd avec plaisir et on saisit finalement que d’autres réalités peuvent se créer. On perçoit cela sans faire trop d’efforts, sans analyser et croiser la lecture avec d’autres livres plus scientifique. Cette sensation n’est finalement que l’altérité perçut au début.
96p
Adrien