Marianne van Hirtum n’aimait pas les métiers et les assignations. Alors pour parler d’elle, n’utilisons pas le terme d’artiste, de poétesse. Elle faisait autant de l’écriture, du dessin que des marionnettes. Elle était surréaliste, profondément et naturellement. Bien que Belge, elle n’était pas affiliée au mouvement surréaliste belge, mais à celui d’André Breton avec qui elle fit une rencontre décisive. Son attachement au surréalisme n’était pas vain, il était ancré en elle, elle créait grâce à cela. Pour s’en convaincre, il faut lire le texte Le surréalisme est une grande peau d’ours que l’on trouve à la fin de ce recueil, La vie fulgurante, paru à L’arbre de Diane en décembre 2021.
Il était temps de redécouvrir Marianne van Hirtum et ce fut par l’impulsion d’une séance des Parleuses initiée par Aurélie Olivier (Littérature, etc. ) qui a eu lieu en décembre 2021 au théâtre Le 140 à Bruxelles en collaboration avec Les midis de la poésie. On peut réécouter en podcast l’intervention d’Isabelle Wéry qui introduit parfaitement l’œuvre de Marianne van Hirtum et ensuite se plonger dans cette écriture. Une écriture si particulière, attachée à produire des images, nous plongeant dans une liberté qu’elle est seule à permettre. Car ce qui caractérise la poésie de Marianne van Hirtum est cette libre avancée dans les mondes rêvés.
Cette poésie que l’on retrouve dans La vie fulgurante est donc créatrice d’images, mais pas n’importe lesquelles, des images puissamment invoqués avec nombre d’animaux et d’éléments naturels. Car bien que cette poésie invite à aller vers le rêve, elle est ancrée dans la réalité de ce qui nous entoure, cette généreuse nature, sources de rêveries et d’émerveillements. L’écriture de Marianne van Hirtum peut paraître au premier abord ardu, mais il faut alors directement lire son attachement à l’écriture automatique. « Eh bien pour ma part, je veux, devant mon destin ne montrer que patte blanche, rien apporter qui ne fût entièrement « donné » comme à mon insu (oh oui ! Surtout à mon insu !). Je suis un automate. Mes gestes sont réglés par la clé qui contient le mystère de toute ma vie. Je ne peux lui donner un nom. » écrit-elle dans le texte qui clôt le recueil.
Il faut alors accepter cet automatisme et en faire une lecture avec la même ambition, se laisser happer par le flot tumultueux des images qui s’entrechoquent. Faire finalement une lecture avec les yeux fermés. Car ce que l’on découvre dans La vie fulgurante, c’est que Marianne van Hirtum fut plus proche de la pensée surréaliste que bien d’autres grands noms masculins de ce mouvement. Il est alors surprenant, mais finalement assez commun, de constater que la voix d’une femme a failli disparaître au profit de ceux des hommes qui forment l’imaginaire du mouvement surréaliste. Un imaginaire où les femmes ont eu plus le rôle de compagne ou de muse. Lire Marianne van Hirtum permettra de saisir l’essence de la création surréaliste, au-delà du patriarcat et des légendes d’artistes bien trop célébrés.
92p
Adrien