Je dois bien l’avouer, avant de participer à ce site, la littérature française me semblait austère et répétitive, coincée entre des mastodontes au style soporifique et des “révélations” d’un niveau moyen. Mais après avoir découvert les Colin, Minard, Niogret et autres Jaworski, un nouvel auteur (pour moi du moins) va chasser un peu plus loin les doutes qui m’habitaient autrefois.
Aire d’autoroute aux alentours de Bordeaux: un homme est kidnappé, pense-t-il pour l’argent qu’il convoie en secret. Après sept jours d’interrogatoire afin de découvrir l’utilisation qui devait être faite de cet argent, Jokin Sasco décède, au plus grand regret de ses ravisseurs.
Deux semaines plus tard, sa famille lance une campagne de communication autour de sa disparition. Va alors débuter pour Iban Urtiz et Marko Elizabe, journalistes au quotidien basque Lurrama, l’enquête de leurs vies. Celle-ci leur réservera son lot d’impasses, de révélations fracassantes et de découvertes qui vont les mener à conduire des investigations réveillant le fantôme des GAL (Groupes Anti-terroristes de Libération) et de leur guerre sale.
Liens entre groupuscules armés et gouvernements, militaires accomplissant les basses besognes de démocraties dans des territoires normalement hors d’atteinte… On arriverait presque à croire que le romancier en fait trop et qu’il va presque trop loin, un peu comme R.J.Ellory dans Les Anonymes. Et pourtant, chez les deux auteurs, tout cela a un fond véridique avéré. Les GAL ont été utilisé pour faire régner une sorte de terreur au pays basque français à la fin des années 80. Une tentative de répondre au terrorisme par le terrorisme.
Et cette loi du talion se voit appliquée dans le livre, chaque scoop coûte un peu plus cher, à chaque avancée de l’enquête répond un coup dur. Et l’on se perd entre conjectures et faux espoirs sur ce qui s’est passé ou reste encore à arriver.
La plume de Marin LEDUN est vraiment très agréable à lire. Vive, nerveuse, on ne décroche pas. Il campe des personnages tous plus crédibles les uns que les autres, ce qui va des journalistes tenant à un scoop au point de tout risquer aux mercenaires-militaires oscillant entre obéissance aveugle et sadisme morbide. Surtout, il fait parfaitement ressortir la situation particulière des basques, séparés entre la France et l’Espagne mais rapprochés par la langue et la culture.
Un livre qui me marquera longtemps, entre tensions, fiertés et secrets. Même les pauvres erdaldun que nous sommes pourront apprécier une histoire ancrée dans sa région et aussi chaude que le tempérament de ses habitants.
Jérémy
Éditions Ombres Noires
462 pages