Crête iroquoise à la punk et clope au bec, pansements et tatouages improbables, nez qui saigne et épingles à nourrice, autant d’apparats underground et décalés illustrant Tank Girl, la fuligineuse et folledingue héroïne crée par Alan Martin et Jamie Hewlett. A bord de son tank, elle écume les routes poussiéreuses d’une Australie hors du temps avec son amant, un kangourou humanoïde tout aussi siphonné qu’elle prénommé Booga. Dans ce nouvel opus édité par le Label 619, Alan Martin s’associe à Brett Parson pour un Two Girl One Tank qui donne un nouveau souffle à la série.
Alors qu’elle rentre d’un raid, Tank girl s’aperçoit que tout son matos a été volé. Pourtant, Booga et leur amie Barney (sortie d’un hôpital psychiatrique, très encline au meurtre et à folle de la gâchette) devaient garder un oeil dessus… Quoiqu’il en soit, son précieux tank qui l’a accompagnée toutes ces années n’est plus là mais entre les mains d’une galeriste et de son assistant. Il faut croire que la galeriste en question accroche beaucoup à ce nouveau jouet puisqu’elle va jusqu’à se raser la tête à la mode de son ancienne propriétaire, saute dans le char d’assaut et commence à foncer droit devant elle, semblant avoir totalement oublié son tailleur étriqué et ses escarpins à talons hauts.
Suite à un concours de circonstances effréné, Tank Girl et sa bande se font piéger par un drogué au café décaféiné vivant en plein bush qui les a balancé à l’armée australienne contre un stock à vie de dosettes. Aux alentours d’Allison Springs, les deux conductrices de bolides se retrouvent nez-à-nez, semant la panique au sein du corps d’armée qui croire voir double! Qui est l’originale et qui est l’usurpatrices? Elles ont l’air toute aussi enragée l’une que l’autre!
Mais bientôt, le voile se lève sur cette mystérieuse fausse jumelle pétée du casque; il ne s’agit pas moins de Sub Girl, que tout le monde pensait morte et qui a été sauvée puis séquestrée par un chirurgien malsain à la retraite pendant de longues années.
L’ancien crew frappadingue est réuni quand Jet Girl ramène son grain de sel et voilà les soirées se déroulent à l’ancienne, entre gâteau au chocolat, bières et grosses flatulences. Les amis « dingos mais pas trouducs » font une hécatombe à Badrock, village western paumé en plein milieu du bush, tirant et mitraillant les habitants sortant tout droit d’un groupe de heavy metal des années 80 (clin d’oeil réussi et barré à la série West World, sauce TG) et se marrent comme avant!
Pourtant quelque chose dans l’attitude de Sub Gril inquiète l’anti-héroïne: elle semble diabolique, pourrie d’une manière qui va à l’encontre de la morale pourtant pas très poussée du groupe. Qu’est ce qui a bien pu se passer pendant toutes ces années d’absence dont les souvenirs semblent affluer peu à peu dans le cerveau gangrené de son amie?
Dans Two girls one tank, on retrouve la ligne narrative explosive et bourrée de références d’Alan Martin; Brett Pardon arrive à suivre le rythme épileptique et le style graphique de la série, ce qui ne doit pas être sans pression lorsque l’on voit les pointures qui se sont attelées à cette tâches. Il se passe une tonne de choses en seulement une centaine de page mais pourtant rien n’est décousu et on se laisse prendre avec entrain dans cette histoire de malade! Pour les fans de Tank Girl comme pour les autres, ce nouveau tome saura plaire et vous donnera peut-être l’envie de prendre une batte de baseball et de vous balader à travers l’outback australien en culotte comme si tout était normal.
Editions Ankama
Label 619
104 pages
Caroline