Bienvenue à Clockiland, le fabuleux parc d’attractions en hommage à la coqueluche des petits et grands : le célèbre Clocki ! Héros de la mission télé éponyme, ce réveil-matin humanoïde connaît en effet une gloire internationale… et les vices qui vont avec. Heureusement qu’une seconde mascotte vient épauler la star en pleine déchéance, le gentil et peut-être même un peu trop procédurier Patoum. Si pendant quelque temps le parc séduit de nouveau le public, le rêve peut s’arrêter à tout instant, uniquement maintenu par l’engouement de fans toujours plus exigeants.
Peu à peu, les ordures s’amoncellent, les décors perdent leurs couleurs vives et Clocki et ses amis sont remplacés par de pâles figurants aux costumes rapiécés. Adieu les rires et les chants, adieu la foule d’enfants en délire se pressant pour un autographe ou un tour de manège… à présent seules les silhouettes des mascottes déchues ou des anciens employés lâchement licenciés hantent les ruelles désertes de la Clocki Plaza et du Patoum Parc.
Première bande dessinée signée de main de maître par Mathias Martinez, Clocki est un hommage à la fois décalé et acide aux parcs d’attractions tombés en désuétudes et aux idoles répudiées. Ne vous fiez pas à la trichromie éclatante et à l’allure faussement candide de ce conte désenchanté rétro, à la frontière entre les univers des studios Fleischer et de Junko Mizuno. Car ici les sourires grincent, tout est tordu et dissonant.
Dans cet envers du décor en carton-pâte, désillusion et tristesse dégoulinent au fil des chapitres égrenant la fresque amère du parc merveilleux et de ses protagonistes. C’est au travers de leur histoire propre que se dessine celle du parc d’attractions, répondant aux caprices d’un public qui en assure aussi bien le succès que la ruine.
Misma
128 pages
Caroline