Un dernier livre avant la fin du monde WebZine Littéraire
Le Last Heaven est à la maison de retraite ce qu’un Hilton est aux hôtels standards. Rien n’est trop luxueux ni trop cher pour ses occupants. Et en 2048, le bien le plus précieux est la sécurité. Pourtant, tout coupé du monde extérieur qu’ils peuvent être, ils en sentent les incertitudes et les remouds. En effet le monde va mal : la pauvreté est alarmante, la police quasi-privée de moyens et les gangs règnent sur les restes du monde que nous connaissons. Alors quand le directeur du Last Heaven, pourtant assez intransigeant sur les règles décident d’inviter le monde extérieur dans l’enceinte de son monde en laissant rentrer une dame et son enfant, il ne se rend pas compte qu’il vient de semer les graines du chaos.
Mourir est le verbe approprié est un roman noir d’anticipation satyrique. C’est un peu résumé mais comment faire une synthèse de la foultitude d’idées qui semble germer dans l’esprit de son auteur : la guerre spectacle, la police privatisée et la lutte entre générations suite à un effondrement apparent du système économique sont un florilège des trouvailles que déploie l’écrivain. Tout cela existe déjà, me dira le lecteur averti. Oui je le concède. Mais l’agencement de l’univers dépeint par Michel Douard est tellement précis qu’il paraît diablement prémonitoire.
L’auteur a une écriture captivante, nous attirant dans son univers et e nous lâchant plus. Nous sommes aspirés dans la vie de ce personnage qu’il nous semble connaître (j’ai quasiment relu tout le livre avant de me rendre compte que son nom n ‘est jamais mentionné!). Les pointes d’humour sont souvent pertinentes et toujours bienvenues étant donné la noirceur générale du récit.
Ce livre est une vraie réussite, à lire en espérant que l’auteur ne soit pas aussi visionnaire qu’il le semble.
Editions Pocket
287 pages
Jérémy
