Comtesse vit dans un cottage, à la lisière d’un bois unique au monde : la forêt des Lilas. Elle aime l’arpenter en se laissant porter par ses rêveries dans lesquelles dansent les étoiles et où elle retrouve ses deux très chers amis : Minon et Biche. Un chat princier et une délicate fée, qui l’accompagnent dans ses jeux et écoutent ses secrets.
Mais la fillette grandit et se trouve à l’orée de l’âge adulte. Son père est mort et sa sœur Verity souhaite l’arracher à son royaume sauvage et isolé pour l’emmener vivre avec elle en pleine ville. Opposée en tout à son ainée, Comtesse se retranche alors dans son monde imaginaire qu’elle a délaissé de longues années.
Cependant tout a changé, c’est assombri : elle le retrouve empreint de noirceur et de désolation. Un terrible mal semble le ronger, en parallèle à la maladie qui l’affaiblit de jour en jour et aux sentiments de colère et de crainte qui l’habite. Minon doit se cacher sous terre et tente de sauver les habitants de ce pays autrefois merveilleux. Quant à Biche, elle a disparu sans laisser de traces.
Tout d’abord, Dans la forêt des Lilas est inspiré par un récit pour enfant de La Comtesse de Ségur, et le prénom de son héroïne est d’ailleurs un hommage à l’autrice. On y trouve une fillette du nom de Blondine, amie de Bonne-Biche et de Bon-Minon. Elle vit seule avec son père suite au décès de sa mère et est confrontée à plusieurs épreuves au cœur d’une forêt magique.
De ce fait, en s’appuyant sur ce conte Nathalie Ferlut crée une histoire sur la période délicate qu’est l’adolescence à travers un personnage se sentant pris au piège, refusant de grandir et de quitter le cocon de l’enfance. Comtesse est aveugle aux changements qui s’opèrent en elle et leurs influences irrémédiables sur la forêt des Lilas mais aussi sur son futur.
Tamia Baudouin illustre ce récit délicat et mélancolique. Elle possède un trait fragile d’une incroyable justesse et des couleurs passées évoquant des fleurs fanées, qui se rappellent au souvenir d’un printemps florissant et insouciant. Tout au long du cheminement de Comtesse, sa fuite de la réalité et son attachement à ses amis imaginaires ne font qu’accroitre et l’enlise petit à petit.
On ne peut qu’être conquis par la mélancolie douce-amère de cette histoire, par les effluves fanées de l’enfance perdue et les ombres qui la hantent. Dans la forêt des Lilas est une bande dessinée d’une grande beauté sur le passage à l’âge adulte et le désenchantement, sur l’imaginaire et la nostalgie du passé.
Éditions Delcourt
72 pages
Caroline