En 11 415, le vaisseau-monde Europa file dans l’espace à la recherche de la planète Néagè. Onze millénaires plus tôt, la Terre mourante a vu décoller de son sol inhospitalier quatre vaisseaux similaires, Europa, America, Asia et Africa, et à ce jour seul le transport du vieux continent poursuit sa route vers la survie. A son bord l’organisation de la civilisation européenne, après avoir bravée de nombreux conflits et soulèvements, s’est reformée autour de la famille présidente des Artois et des nombreuses familles urbaines, plus ou moins puissantes. Atrée est l’aîné de la famille des Tantalides, descendante du grand Tantale et liée à la famille Artois. Fils de Pélops et de Daphnè, la cadette de la famille des Céréïdes, Atrée peut prétendre, grâce à son lignage, de poursuivre ses études dans la grande université Aristide Archégète de la capitale Europa auprès de son oncle Célestin, grand professeur. Passionné par les mythes et légendes, il étudie l’ethnologie et décide, pour sa thèse, de partir à la cueillette des mythes eschatologiques des Bannis, des Sans-Racines, ces anciens citoyens d’Europa mis au ban de la civilisation et qui vivent maintenant dans les sous-sols du vaisseau-monde. Brigands, meurtriers, rebelles et traîtres sont les gens qui peuplent les dessous d’Europa. Il est rejoint dans son aventures par quatre jeunes gens de la cité, Eugénie, Lanion, Gil et Clio, étudiants de premier cycle.
Élevé parmi l’aristocratie européenne, Atrée, jeune homme intelligent, bon et sûr de ses connaissances, va voir ses certitudes mises à rude épreuve pendant sa plongée dans les bas-fonds. Pour quelles raisons a t-il fallu quitter la Terre? Que sont devenus les trois autres vaisseaux-mondes? L’histoire telle qu’on l’enseigne depuis des millénaires, bien qu’officielle, n’est peut-être pas aussi vraie qu’on le laisse penser, et la société lisse et bien organisée qui a cours à la surface semble au moins aussi sombre et poreuse que celle des sous-sols. Allant de découvertes en surprises, Atrée va, bien malgré lui, soulever des questions interdites et se retrouver confronté à un monde dont il ignorait l’existence.
Les jeunes éditions du Peuple de Mu nous font encore un bien beau cadeau avec ce formidable roman! Premier tome d’une trilogie mêlant science-fiction et mythologie,>Néagè 1nous laisse espérer une bien belle épopée!
Parti de la Terre depuis plus de onze mille ans, les habitants du vaisseau-monde Europa ont dû, au fil du temps et des événements tragiques qui l’ont balayé, réinventer un mode de vie, une société et des croyances. Suite à une redécouverte des mythologies helléniques, c’est donc un rattachement à la culture grecque antique qui se développe et prend racine sur ce méga vaisseau fendant l’espace à la recherche d’une nouvelle Terre. L’organisation se reforme autour du noyau familial, qui est lui-même tourné vers le culte des ancêtres, ces grands hommes ayant fondés ou apportés leur prestige aux familles: Tantale, Cérès, pour ne citer que les deux familles qui nous intéressent principalement ici. Tous les éléments de la tragédie grecque se retrouvent réunis. On y croise, évoluant autour d’Atrée, jeune homme droit et empli de grandeur d’âme, un groupe de jeunes gens venant partager ses aventures, compagnons d’un voyage au long cours, tant sur le vaisseau-monde que dans la recherche d’une vérité complexe et bien sombre ; un choeur familial qui renvoie en miroir les inégalités et les faiblesses de la société d’Europa. L’amour de la patrie mais avant tout de la famille amène son lot de tension. Mariages arrangés, défense et protection des idéaux de la cité, trahisons et batailles, tout est réuni pour un périple homérique!
Grâce à une écriture pleine et ambitieuse sans être ampoulée, Nicolas Cartelet nous enrobe dans son histoire et on ne peut lâcher ce premier tome. J’aurais mieux fait d’écouter l’éditeur quand je me le suis procurée et de prendre le second en même temps…
Prévue sur plusieurs générations, on peut donc espérer de la suite de Néagè qu’elle explore encore plus les dissensions et les mystères du vaisseau-monde ainsi que de l’humanité errante et en nécessaire reconstruction et réinvention d’elle-même sur Néagè.
Un très chouette premier roman donc, très prenant, bien construit, qui donne autant envie de se ruer sur la suite que de relire nos classiques de la mythologue grecque. Vivement la suite!
Le second tome est déjà sorti aux mêmes éditions du Peuple de Mü et le tome 3 est prévu pour le début d’année prochaine.
331 pages
Marcelline