Gaspard est un petit garçon qui prend tout très au sérieux : l’école, l’éducation de sa petite soeur, ses cours de solfège et ses parties d’échecs… Tout l’inverse de ses parents, qui sont pour le moins originaux : son père s’habille comme un perroquet bariolé et met du rock à fond tandis que sa mère passe son temps à enchainer les exercices d’assouplissement et les tractions. Sans parler de Paracétamol, le singe que son père a sauvé des griffes d’un laboratoire pharmaceutique, qui ne jure que par les saucisses de Morteau tout en étant allergique au gluten.
Le jeune écolier aime par-dessus tout le calme, les tables de multiplication, les conjugaisons compliquées et les règles de grammaire tarabiscotées. Bien qu’il ne supporte pas les retards ou le désordre, il doit vivre au milieu d’une famille montée sur ressort, dans une minuscule caravane pleine à craquer d’objets improbables ! Tous les autres enfants lui envient cette existence qui leur semble magique, ces parents rigolos et un peu farfelus… Mais tout cela pèse un peu trop lourd parfois, sur les épaules de Gaspard. Il faut avouer qu’il croule sous les responsabilités, on se demande parfois qui veille sur qui dans cette famille pas comme les autres !
Mais plus que tout, Gaspard aime le doux sourire de Nina. Nina, c’est une fille de son école, passionnée par les araignées. Elle a de longs cheveux noirs et une peau si blanche qu’elle parait bleutée. Face à elle , Gaspard perd de son aplomb, bafouille et s’emmêle les pinceaux… Et un jour, alors qu’il voit le sourire lumineux de sa camarade d’école se transformer en une moue triste, accompagnée de larmes… il n’a alors plus qu’une idée en tête : le réparer coûte que coûte.
Comment j’ai réparé le sourire de Nina est un roman plein de poésie et de couleurs. Racontée à hauteur d’enfant (le narrateur et la narratrice sont en primaire et doivent avoir 9 ou 10 ans), cette histoire loufoque et tendre dépeint des situations familiales et des modes de vie atypiques.
Les parents y sont soit tristement absents ou au contraire drôlement envahissants ! Ainsi, les enfants doivent faire preuve d’imagination pour affronter leur solitude ou au contraire gérer l’emploi du temps d’une famille entière.
Opposés et pourtant intrigués l’un par l’autre, Gaspard et Nina sont des protagonistes auxquels on s’attache en quelques lignes, sous la plume enjouée de Nicolas Michel. De plus, l’auteur instaure à son récit une atmosphère au premier abord légère, tout en y distillant des thématiques plus complexes que l’on découvre petit à petit. En effet, des différences et des secrets peuvent se cacher derrière des sourires lumineux ou des cheveux trop bien coiffés.
Issu de la collection Rester Vivant de la maison d’édition Le Muscadier, Comment j’ai réparé le sourire de Nina s’inscrit dans une veine éthique et sociale, en tant que récit ancré dans le monde actuel, soucieux d’ouvrir le débat, d’élargir l’horizon de ses lecteurs et lectrices, pré-ados comme ados et même adultes. Un court roman dont j’ai été happée par la lecture, avec ses personnages hauts en couleur et sa délicatesse extravagante.
Éditions Le muscadier
146 pages
Caroline