Cette année Cambourakis s’ouvre à la littérature française en rééditant le second roman d’Olivier Saison « Knut ». Sorti en 1997 chez Le Serpent à Plumes, ce roman n’avait pas su marquer son époque. Plutôt que de l’enterrer comme tant d’autres sorties passées, les éditions Cambourakis osent l’impensable en remettant sur le devant de la scène le second livre de l’auteur.
Comment parler au mieux d’une œuvre aussi particulière que ce « Knut » ; comment rester concis pour décrire le plus simplement possible cet univers onirique et loufoque, où l’absurde côtoie le poétique, le sexy et le road trip. Un univers rempli de femmes, de bas nylon, de talons aiguille, araignées, Buick rouges décapotables – dont une « spéciale » des années 50-, de romans et de sucettes.
Un roman où les femmes envoûtent, où le héros ne se rappelle de rien et l’asphalte appelle au voyage. A moins que le dictaphone à bande exponentielle, offert par une sorcière/voyante à Knut, puisse être le témoin de son périple et nous conter son aventure.
Il y a tellement à dire, à écrire qu’une simple chronique ne suffit pas.
« Bien que d’âge indéterminé, Knut Gates est assez vieux pour avoir des poils là où il faut, et même aux endroits inutiles. « Knut Gates » est le nom dont on a affublé le personnage de l’histoire. Si Knut était présent, il se vexerait probablement… Ou peut-être se bornerait-il à percevoir dans ce prénom rabougri aux vagues consonances scandinave quelques vibrants hommages aux conquérants des siècles oubliés ? Mais à l’instant où je vous parle, Knut Gates risque peu de nous entendre trop absorbé qu’il est à gesticuler dans le noir … »
Imaginez que Tom Robbins et Terry Gilliam veulent écrire un roman et qu’ils fassent appel à David Lynch pour la mise en forme, vous voyez le joyeux foutoir énigmatique et enivrant qui s’offre à vous ?
« Knut » est de cette trempe là ! Un petit bijou de littérature, rempli de malice et de mystère. Mon coup de cœur de cette rentrée littéraire, un livre qui n’aura pas fini de m’obséder.
Face à autant de génie la critique ne peut que s’incliner et se taire.
Editions Cambourakis
272 pages
Ted