Daniel Ford et Nathan Verney sont inséparables. Ils se côtoient depuis leurs 6 ans et sont comme deux frères. Pourtant, l’un est blanc et l’autre est noir. Nous sommes en Caroline du Sud au début des années 50 et il va sans dire que cette amitié ne va pas forcément aller de soi. Dans un État encore majoritairement ségrégationniste, cette amitié sera vite très mal vue. Toujours est-il que, 30 ans plus tard, on retrouve Daniel dans le couloir de la mort, condamné pour le meurtre de Nathan. Qu’est-ce qui a bien pu pousser Daniel à assassiner son meilleur ami ? Quelles circonstances ont pu le pousser à l’inimaginable ?
Papillon de nuit, qui sort chez nous en ce beau mois de juin, est le premier roman de R.J. Ellory, publié dans sa version originale en 2003. Plus de 12 ans après, l’occasion nous est donnée de découvrir ce livre singulier. Singulier car il apparaît comme hors normes dans le parcours de l’auteur. Ni tout à fait livre policier, ni tout à fait drame social, il apparaît plus comme une fresque historique, qui raconte 25 ans du pays le plus puissant du monde. Et tout ce qui a traversé les États-Unis durant cette période a provoqué des remouds qui ont touché à leur tour le reste de la planète. Les mouvements pour l’égalité, les manifestations contre la guerre du Vietnam, les assassinats de J.F.Kennedy, de Martin Luther King ou de Robert Kennedy, le développement des drogues et des hippies, l’alunissage de la mission Apollo… Autant d’événements qui ont marqué l’imaginaire mondial. Et Ellory nous précipite au travers de ses changements marquants par le prisme de se personnages principaux, dont la mixité sociale nous permet d’être touché par tous les faits historiques présents dans le roman.
Non seulement les personnages sont incroyablement attachants, comme souvent chez Ellory, mais ils sont en plus très largement détaillés. Il se pourrait bien qu’après l’avoir lu, vous connaissiez mieux Daniel Ford que certains membres de votre propre famille ! L’écriture est plus flâneuse que dans ses romans ultérieurs, mais le récit y gagne en profondeur et en poésie. Le temps qu’il prend pour poser le décor de la petite ville de Greenleaf nous permet de nous l’accaparer, de nous l’approprier pour en faire une sorte de chez nous. La façon dont les bouleversements que connaît l’histoire sont imbriqués dans la petite histoire des personnages est juste et poignante dans certains cas.
Ce livre est sans aucun doute une excellente surprise et peut-être l’un des livres les plus forts que j’ai pu lire cette année. Un grand bonheur en petit format !
Editions Sonatine +
Traduction : Fabrice POINTEAU
517 pages
Jérémy