Première bande dessinée de l’artiste Pauline Lecerf, TUT est un voyage décalé en noir et blanc où l’on suit les traces et les vagabondages métaphoriques d’un personnage à l’allure de patate un peu molle. Étrange vous direz-vous, intriguant même : où donc l’autrice cherche-t-elle donc à nous emmener ?
Tout simplement sur le fil de ses réflexions, de la plus philosophique à la plus banale, qu’elle explore dans vingt-six histoires abordant des sujets allant du langage des coups de Klaxon à la silhouette longiligne des lampes, en passant par sa relation avec les hommes ou la dynamique de l’Art contemporain.
Si au premier coup d’œil ce livre paraît dépouillé, la lecture nous révèle le soin avec lequel l’autrice travaille les détails sensitifs, notamment en y intégrant des sons et des bruits en les retranscrivant sur le papier à l’aide d’onomatopées choisies. Dessinés en minuscule ou bien imposants et jaillissants, ils sont partout et rythment la BD avec finesse et humour.
D’ailleurs, dans TUT, rien n’est laissé au hasard et tout va droit à l’essentiel. Le trait et la mise en page épurés cèdent ainsi la belle part à la réflexion, qui en quelques mots seulement exprime énormément. L’acuité loufoque dont fait preuve Pauline Lecerf pour appréhender son quotidien devient alors presque contagieuse, et l’on se surprend à s’interroger soi-même sur la fresque de notre vie. Comme on s’y cache, on s’y perd et on s’y oublie les uns les autres.
Beaucoup de choses se dissimulent entre les lignes, sous le couvert d’une simplicité du dessin et d’un texte allant à l’essentiel. Le peu de moyens révèle un esprit critique poétique et acide, une dynamique qui touche : TUT fait rire, fait réfléchir, questionne notre société et nos habitudes, petites ou grandes.
Sous couvert d’un décalage quasi dystopique, Pauline Lecerf analyse l’humanité d’aujourd’hui, avec tout ce qu’elle possède d’étrangement drôle et de tristement dénaturé.
Éditions Magnani
200 pages
Caroline