Ces deux nouveaux textes de théâtre de Pauline Peyrade, À la carabine ; suivi de Cheveux d’été, parus aux Solitaires Intempestifs racontent la violence subie et la vengeance qui en découle. Les mots y sont des cris de violence froide.
Dans À la carabine on découvre comment une jeune adolescente devient la proie d’un garçon plus âgé. Entrelacé dans ce récit, il y a la vengeance de cette jeune fille devenue consciente du mal qu’elle a encaissée. Dans Cheveux d’été, il s’agit plus directement de la violence vengeresse qui est décrite. C’est une description brute dans un monologue de la vengeance en action.
L’écriture vive et aiguisée ne produit pas de malaise. Elle fait comprendre ce que représente la violence subie, qui s’immisce chez la victime pour ressortir plus tard sous une forme plus froide. Pauline Peyrade y décrit crument les faits et n’épargne pas le lecteur du détail des corps meurtris.
Au travers de ces textes, la dramaturge déploie une solution d’autodéfense violente et immorale. Il ne s’agit pas ici de répondre sagement et raisonnablement aux violences sexistes. La fiction que propose son théâtre permet cette réponse déraisonnable. Elle invente par la fiction une solution radicale mais nécessaire.
Pour autant, la violence subie depuis trop longtemps par les femmes doit être comprise comme une lame à double tranchant. La victime peut très bien répondre et renvoyer les coups donnés. Le lecteur masculin, s’il se sent mal à l’aise, devra réaliser que la domination de son sexe ne produit que de la violence.
Avec À la carabine et Cheveux d’été, Pauline Peyrade place des sujets forts sur le plateau de théâtre. Elle ne propose pas pour autant une solution politique mais imagine un retournement de situation qui trop souvent sera considérée comme bien pire. Ainsi elle donne le pouvoir aux victimes, devenues plus cruelles et plus fortes que les auteurs d’agressions gratuites et sexistes.
80p
Adrien