Percival Everett fait décidément partie, pour moi, des auteurs vivants les plus excitants et audacieux à lire. Alors je vous vois venir avec vos grosses « Reebok Pump » et votre air arrogant, limite Hipster, me disant :mais il est très classique le bonhomme, il n’apporte rien de plus, tu dis ca parce qu’il est black et forcément cool !
Mais que nenni, même tout le contraire. J’ai un gros problème avec Percival Everett, qui est le résumé de ses livres, même s’ils sont bien écrits et présentent bien l’histoire, ils ne me font jamais envie, mais alors pas du tout, les histoires paraissent systématiquement banales. Alors pourquoi je vous parle de lui ? Parce que déjà il y a eu « L’effacement » qui fut pour moi une claque monumentale, un cataclysme dans ma petite tête de lecteur et ensuite parce que « montée aux enfers » viens de me mettre le revers.
Ogden Walker, adjoint du shérif du comté de Plata dans le Nouveau-Mexique, est un bon gars. Pas un enquêteur exceptionnel, même un peu naïf par moments, refusant souvent l’évidence quand elle se présente à lui. Vivant dans un milieu de blancs, dans une bourgade de ploucs blancs limite racistes. Il mène une vie presque paisible jusqu’au jour où dans une maison il trouve un chat et sa propriétaire morts. Il n’y a que ses empreintes sur la scène du crime, tout l’accuse, mais les vérités sont souvent trompeuses.
Comme je le disais plus haut les résumés des livres de Percival Everett : c’est nul. On ne peut pas résumer l’essence que dis-je l’âme du style de Percival Everett. Cet auteur à de la magie dans les doigts et cette magie s’appelle « le souci du détail », tout son charme s’opère sur des mots, des phrases bien choisis et disséminés dans le roman. Des subtilités, des nuances qui mises bout à bout nous plongent dans un univers incroyable.
Construit comme trois nouvelles qui n’ont faussement rien à voir « Montée aux enfers » est ce que la littérature est capable de faire de plus vicieux pour balader le lecteur. Marchant sur deux modes de fonctionnement, l’histoire propose trois séquences qui ont pour but de nous noyer dans un quotidien anxiogène et oppressant pendant qu’une seconde vérité (le deuxième mode) serpente tranquillement, se faufile et passe par la petite porte de votre cerveau pour mieux vous révéler sa vérité lors du final !
Un coup de cœur, sorti récemment en poche chez Babel, un indispensable pour ceux et celles qui aiment se faire balader.
Ted