Perry Bunt est auteur. Il rêve d’une carrière hollywoodienne, enfin il en rêvait. Il a été rattrapé par le train-train quotidien et est devenu professeur d’écriture de scénario pour de jeunes étudiants tous plus perturbants les uns que les autres. Mais la palme revient indéniablement à Amanda Mundo, beauté évanescente et quasi-irréelle qui égaie ses longues heures de leçon par sa seule présence. Alors, le jour où elle oublie sa veste en cours, Perry y voit un signe et s’empresse de lui ramener sur son lieu de travail, seule adresse dont il dispose. Mal lui en prend !
Imaginez que la Terre est une gigantesque émission de télé-réalité pour civilisations ultra-avancées en manque d’animosité, de conflits et ne voulant pas en recréer chez eux ! Imaginez que ce programme soit en perte de vitesse et que ses producteurs en viennent à chercher des idées dans des cours de scénario de seconde zone. Imaginez enfin que la lente érosion de l’audience les ait menés à une unique conclusion: seul un grand final peut encore sauver financièrement le programme. Mesdames messieurs, bienvenue pour la fin du monde, plus que trois semaines à attendre !
Jay Martel nous invite à la vraie approche philosophique en nous proposant de nous placer hors contexte et en imaginant ce qu’une population extraordinairement avancée penserait de la Terre si elle nous observait. Et le constat qu’il nous livre est sans appel : nous ne paraîtrions guère plus évolués que des candidats de télé-réalité à nos propres yeux. Entre égoïsme, cynisme et lâcheté, les humains sont coupables de tous les maux qui les accablent.Les producteurs, eux, se contentent de tirer quelques ficelles pour accélérer le grand final. Ils essaient ainsi de déclencher un incident nucléaire ou d’exacerber les tensions au Moyen-Orient.
Le fait que Perry découvre ce plan et tente de s’y opposer n’est qu’une péripétie de plus à offrir aux spectateurs et propose tous les côtés les plus infâmes de l’espèce humaine : violence, cynisme, fanatisme religieux… Rien ne se passe comme prévu et tout vire à la catastrophe.
Prime Time est un miroir qui nous renvoie une image horrible et méprisable de la race humaine. Pour mieux s’en moquer, sans doute. Pour mieux nous prévenir, sûrement ! Un livre essentiel à l’humour redoutable.
Editions Super 8
471 pages
Traduction : Paul Simon Bouffartigue
Jérémy