Entre les glaces du pôle Nord et les voltiges aériennes, Simon Roussin nous embarque dans une aventure d’une beauté à couper le souffle. Déjà auteur de sept albums jeunesse et adulte, il entame ici une trilogie consacrée à l’aéropostale. Intitulée Les Ailes Brisées, on comprend qu’il n’y sera pas seulement question d’exploits, mais aussi des sacrifices et pertes des pilotes.
Dans ce premier opus, Prisonnier des glaces, on suit l’ultime aventure de Ferdinand Pépin, parti secourir un équipage ayant disparu au pôle Nord. Si l’histoire semble classique, l’investigatrice de ce sauvetage n’est autre que l’ancienne fiancée de Ferdinand, aujourd’hui mariée au capitaine de l’équipage en question. Voilà qui promet de sacrées retrouvailles entre les deux hommes. D’autant plus qu’Helen semble être une briseuse de coeurs. Ferdinand pour elle, a déjà perdu son meilleur ami, qu’en sera-t-il de sa vie ?
Tu avais raison, cette femme attire le mauvais oeil et les hommes à qui elle se donne le payent de leurs vies. Tous aviateurs, combien ont disparu, emportés dans le tourbillon de la guerre ou abimés au fond des océans ?
Traitant ces espaces enneigés avec une palette restreinte mais étonnamment chaude, Simon Roussin offre des doubles-pages d’une très grande expressivité. Le jour et la nuit se succèdent, en écho aux souvenirs de Ferdinand qu’il confie dans une lettre à son ami. Parti secourir un ennemi, n’est-il pas déjà en train de se battre en vain, Don Quixotte des glaces ? Si cet album est une prouesse graphique, nous entraînant dans cet univers si particulier, le texte est tout aussi réussi. Sans bavardage, il accompagne les espoirs et déceptions de cet aviateur au sol.
Tout ce qui est emprisonné depuis le commencement du monde dans ces glaces sera libéré dans l’océan.
Une intrigue digne de la grande époque hollywoodienne, où beautés glacées faisaient tourner la tête des aventuriers. Un décor polaire ne laissant place qu’à l’introspection et au délire. Un trait graphique d’une grande liberté qui rend hommage aux grands espaces et à la richesse des couleurs de la nature. Afficionado des aventureux héroïques, des histoires tragiques mais surtout des pépites graphiques, n’hésitez plus !
Editions 2024,
48 pages,
Aurore