Avril 2002, sa fille fête ses deux ans lorsque Matthieu Blanchin est envahi par de violents maux de tête. Ceux-ci ne vont pas cesser de s’intensifier jusqu’à faire s’écrouler le monde connu tout autour, la perte des sens laissant le corps en proie à l’évanouissement. Transporté à l’hôpital, Matthieu est trépané pour une tumeur dont il ignorait jusque là l’existence, celle-ci le plongeant dans un coma de dix jours. Quand vous pensiez que j’étais mort raconte cette incursion dans le monde des morts et la vie d’après pour laquelle il aura fallu se battre avec ardeur.
Quand Matthieu perd connaissance, il devient prisonnier de l’enveloppe corporelle, écrasé par l’urgence d’en sortir, de se réfugier dans les limbes de l’univers pour n’être plus qu’énergie cosmique. La conscience s’extirpe alors, elle entreprend un voyage instantané où le temps et la lourdeur des corps ne sont plus des limites à la pensée. Aux quatre coins du monde, au-delà de la terre, Matthieu vogue sur cette simplicité et la sensation de ne faire qu’un avec l’univers.
Mais ces sensations de plénitude sont ponctuées par des instants de souffrance inconcevable, la douleur telle une morsure toujours plus extrême, danse frénétique avec la mort. Deux réalités parallèles s’embrassent alors, l’élévation de l’esprit à la chute irrémédiable du corps. Entre délires hallucinatoires et rêves prémonitoires, Matthieu navigue sur les eaux torturées du coma, dans cet entre-deux où chaque instant de lutte compte alors qu’il serait si doux de se laisser dissoudre.
Matthieu nous livre ses douleurs, ses angoisses, le sentiment d’abandon qui l’envahit lorsque ses proches viennent lui rendre visite puis quittent la pièce. Il y a cette envie si forte de hurler, de leur demander de rester, de leur faire comprendre qu’il y a toujours quelqu’un dans ce corps inerte.
Et puis il y a cette renaissance, le moment où il faut réapprendre à vivre, où il faut choisir d’oublier ou de se souvenir. Renaître en essayant de se remémorer, de reconstituer ces dix journées qui ont eu la richesse et la densité d’un millier de vies. Le processus de réincarnation est fastidieux, lancinant, mais Matthieu Blanchin y parviendra, armé de mots et de crayons.
Quand vous pensiez que j’étais mort est un récit fabuleux, un voyage extraordinaire, unique et précieux. C’est aussi une lecture torturée, terriblement douloureuse. Le désir irrévocable de continuer à s’enfoncer dans les abysses de la conscience humaine et le besoin de s’en dégager. Mon quotidien dans le coma est définitivement un récit intime qui touche l’humanité.
«Peu importent nos blessures, la pire chose que nous puissions faire est de tenter d’oublier sans crier ou sans pleurer. L’humain qui a peur de vivre ses émotions est un être en cage…Aujourd’hui, chaque seconde est une occasion précieuse pour oser laisser jaillir ma joie d’être au monde. »
Futuropolis
174 pages
Lucie