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Régime sec – Dan Fante

« À mon père, John Fante –
Merci, fils de pute sublime. »

Dan Fante, écrivain underground, poète, dramaturge, fils longtemps méconnu en lutte contre l’ombre du père, alcoolique repenti, collectionneur de jobs par défaut, clochard céleste ou looser insolent, est décédé à 71 ans le 23 novembre dernier. Nous lui devons, entre autres, la géniale tétralogie Bruno Dane, et le passionnant Dommages Collatéraux, un retour sur son héritage familial, de l’alcoolisme à l’appel de la machine à écrire.

Portrait de L.A. sous J & B, chroniques électriques d’un chauffeur de taxi au volant d’un cab déglingué, Régime Sec est un recueil de nouvelles décapant. Clients tarés, jeunes femmes lascives, delirium tremens à Venice, réveils douloureux dans les fauteuils de cinés pornos : ce sont tous les dessous nauséeux d’une cité aux anges déchus qui nous sont lancés à la face avec justesse et acidité.

Dan Fante appartient à ces quelques illusionnistes de talent qui jouent avec une facilité déconcertante et jouissive de la nouvelle. Spleens alcoolisés, points d’orgue planants en suspension, échanges percutants de punchlines, situations invraisemblables… Partout où ce fils maudit du rêve californien traîne ses guêtres et son fardeau de solitude, la chute déconcertante et ironique frôle le pire.

Les huit nouvelles du recueil s’achèvent par un final qui vous coupe le souffle comme un coup de poing et on s’arrache de Régime Sec avec une légère sensation de gueule de bois, un sourire béat, et aux tripes le besoin poignant de lire d’autres delirium intempestifs de cet insupportable funambule. Lire un texte de Dan Fante, c’est pour le lecteur hypnotisé comme danser sur le fil du rasoir en étant maintenu dans un équilibre précaire par la volonté d’un fou après quelques rasades d’un whisky premier prix bu à même la flasque.

Régime sec a été le premier titre publié par les éditions 13e note (dont le catalogue n’est malheureusement plus commercialisé), alors que Dan Fante était tombé dans l’oubli de l’édition française depuis une dizaine d’années. On peut aujourd’hui le trouver en poche chez Points.

« La lumière était aveuglante. Oppressante. Comme un grand cri muet de mon inconscient. J’ai essayé de fuir en roulant sur moi-même. En vain. Cette brillance avait tout envahi et me rendait fou.
Je transpirais, ma chemise me collait à la peau, trempée de sueur.
Quelque chose de dur, et d’assez gros, me rentrait dans le dos. J’ai attrapé la chose : une bouteille de vin vide. Du Mad Dog 20-20.
Il y avait une odeur aussi. Répugnante. Qui prenait à la gorge. Et s’associait à la luminosité persistante pour me sortir de ma torpeur. Car j’émergeais – d’un coma éthylique. »

Régime sec - Dan Fante13e note éditions

Trad. Léon Mercadet

141 p.

Lou

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