Après un excellent recueil de nouvelles, « Proust Fiction », déjà publié chez le Cherche Midi dans l’excellente collection « Lot49 », Robert Juan-Cantavella revient chez nous en cette fin d’année avec non pas un autre recueil de nouvelles, mais un roman et quel roman !
Karagol, journaliste intrépide et même punk journaliste de tous les extrêmes est envoyé à Marina D’Or pour faire un reportage sur ce complexe hôtelier. Antre de luxure et de bien-être pour les familles et les personnes âgées ce lieu paradisiaque intrigue notre journaliste et le plonge même dans une certaine paranoïa entrecoupée d’hallucinations, à moins que ce soit tous les cachetons qu’il prend, car oui ! Karagol carbure à la défonce.
Commençant à comprendre que son article cache autre chose, que certaines personnes des lieux sont bizarres et surtout certains évènements internationaux coïncident bizarrement avec l’univers dans lequel il transite pour son article, petit à petit c’est sa quête de l’El Dorado qui se révèle à lui et devient l’obsession qui va le guider durant tout ce roman.
« Le pape est numéro est le numéro un. J’aimerais bien savoir si Coca-Cola, entreprise de renom, avec ses spots publicitaires remplis de gigantesques ours polaires et son talent inné à se faire des amis, j’aimerais bien savoir si Coca-Cola serait capable de créer un Etat à elle seule, comme le pape de Rome. Non pas un, mais deux : un en Italie et un autre au ciel. Oui monsieur. C’est ce que j’appelle avoir l’esprit d’initiative. S’adresser aux gens du XXIe siècle depuis le cœur du XIIIe sans qu’on remarque ton accent. Continuer à distribuer des hosties sans que la police fourre son nez dans tes affaires et éditer des fanzines dans une langue morte pour que ceux qui en ont envie les déchiffrent et ceux qui n’y comprennent goutte obéissent. »
En journaliste Gonzo et surtout en un puissant hommage à Hunter S. Thompson ( Las Vegas Parano), l’auteur délivre un texte puissant et drôle. Critique décalée mais percutante de la société consumériste à travers la dérive délirante et sous amphétamines du journaliste le plus punk de la péninsule ibérique, El Dorado se dévore comme on dévore un disque de rock. Les chapitres s’enchainent, l’addiction opère et le final offre un summum de n’importe quoi des plus jouissif.
Vivement le prochain Robert Juan-Cantavella et longue vie à la collection Lot49.
440 pages
Le cherche Midi
Collection LOT49
Ted