Je vous parlais il y a quelques temps de la nouvelle série spin off de Mutafukaz lancée par le duo de choc Run et Singelin : Loba Loca. On y suit l’évolution de la tempétueuse et impulsive Guadalupe, ado un peu paumée de la banlieue de Dark Meat City.
Très vite, elle découvre qu’elle est la fille du célèbre catcheur El Diablo, dont elle suit la voie en se lançant corps et âme dans la Lucha Libre.
Elle y découvre l’envers du décors, l’exploitation de certains combattants par leurs managers, les pots de vin et la discrimination.
Cependant, elle parvient peu à peu à mieux gérer la colère étouffante qui l’envahit par moment, surtout grâce à l’appui de Tigre, devenu son catch, son mentor puis son protecteur.
C’est alors que les deux acolytes se lancent sur les routes d’Amériques, dans un road trip brûlé par le soleil. Ils vont se recueillir sur la tombe d’El Diablo, vestige d’une époque mais aussi d’une équipe qui donnait espoir aux laissés pour compte, leur rendait justice et dont les membres étaient de véritables stars.
Mais ce voyage initiatique est perturbé par l’équipe encadrant Lady, la catcheuse mise en pièce par Guada dans l’un de ses accès de folie noire, ainsi que par les retrouvailles impromptues entre Tigre et ses anciens acolytes.
Loin de s’essouffler, Loba Loca gagne en puissance à chaque tome, grâce au développement des personnages principaux et à la dynamique des liens qu’ils tissent. On sent l’attachement que les auteurs leur portent et le plaisir qu’ils ont de les faire se chamailler, s’entraider, se retrouver et construire un nouveau sens à leurs vies respectives.
En effet, chacun cherche sa place, en proie à ses névroses, ses peurs ou bien son passé. Mais c’est tous ensemble qu’ils vont parvenir à créer une nouvelle famille, bienveillante et soudée, ouverte aux autres et à l’avenir.
En gagnant en maturité et en sérénité, Guada passe du statut d’adolescente volcanique et perdue à celui de femme forte et inspirante. Elle tire leçon du parcours chaotique de son père et suit son propre chemin, sans répéter ses erreurs. Elle va jusqu’à s’élever au dessus de lui tout en faisant honneur à ses valeurs.
Loba Loca se termine donc en beauté, avec un fin tournée vers le futur. Dark Meat City, habituellement théâtre de prédilection pour la violence et la perdition, devient alors un lieu un peu plus entendu et considéré. Run et Singelin ajoute leur pierre à l’édifice du microcosme de Mutafukaz et Puta Madre avec cette fois-ci une héroïne tout aussi badass qu’intelligente, sensible et forte : un personnage comme on aime en voir !
Editions Ankama
Label 619
Caroline