Milo Burke mène une vie peinarde. Il est jeune papa, suit une routine assez agréable avec sa femme. Il travaille comme collecteur de fonds pour le compte d’une université de seconde zone et a laissé de côté depuis longtemps ses rêves d’artiste peintre. Une vie simple mais agréable. Mais un jour – on ne sait pas quelle mouche a pu le piquer – débarque une apprentie peintre à son bureau pour se plaindre de ne pas avoir été prise pour le séminaire sur « De l’impressionnisme au régressionisme ». Cette petite arrogante va réveiller la colère de Burke et, après avoir dit ses quatre vérités à cette petite prétentieuse sans talent, lui coûter son poste. Commence la dégringolade… Entre suspicion et ennui, volonté de s’en sortir et résignation, abandon et mépris Milo va se retrouver comme larbin pour son ami d’université, un certain Purdy.
Après une série de nouvelles et deux romans (Venus Drive en 2000 et Douce Amérique en 2005) « Demande, et tu recevras » s’impose d’emblée, dès les premières pages comme le livre de Sam Lipsyte à lire ! Rappelant son confrère Philip Roth avec sa prose acerbe et drôle, aimant triturer ses personnages, les torturer tout en douceur dans un quotidien qui souvent leur échappe. L’histoire, souvent touchante et drôle, est avant tout l’odyssée d’un looser magnifique vers une destination qu’il n’a pas anticipée et ne cherche, finalement, pas à connaître plus que ça. Le changement et l’inconnu sont des perspectives inexistantes chez Milo Burke, et de se retrouver dans cette situation du jour au lendemain, de perdre le contrôle de son quotidien, même pour des choses totalement anodines, va mettre ses nerfs à rude épreuve. Mais ce n’est pas le lecteur qui s’en plaindra, car nous prenons vite un certain plaisir à le voir bafouiller, douter et trébucher.
Les dialogues sont fins, percutants et méchamment drôles. La répartie est assez incroyable. Cela donne lieu à des dialogues totalement hallucinés et d’une imagination sans limite – surtout pour ce qui est des passages entre Milo et son fils.
Traduit par Marine Céleste Desoille, « Demande, et tu recevras » est un roman qui apporte une certaine fraicheur et de la légèreté sans pour autant tomber dans la case roman à l’intrigue cousue de fil blanc et au final téléphoné. Il y a un vrai style chez cet auteur, une certaine finesse dans son écriture et comme je le disais plus haut une certaine ingéniosité. Sam Lipsyte va vous faire aimer rire du malheur des autres.
Monsieur Toussaint Louverture
Trad. Martine Céleste Desoille
416 pages
Ted.
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