Opus
Comme promis dans ma précédente chronique de l’auteur, nous allons maintenant plonger dans une oeuvre fondatrice de la carrière de Satoshi Kon: opus.
L’histoire suit Chikara Nagai, mangaka à succès de la série Resonance. Celui-ci doit bientôt parvenir à la fin de l’histoire, dans laquelle le masque, gourou d’une secte apocalyptique, doit se tuer mutuellement avec le jeune Rin, sidekick de l’heroïne du manga, Satoko. Mais un soir, alors qu’il travaille sur une des dernières planches du livre, Rin la lui dérobe sous ses yeux et il n’a alors d’autre solution que de le suivre dans son oeuvre afin de remettre son monde sur le droit chemin.
Passage de l’auteur dans son manga, du personnage de manga dans le monde de son auteur, tout est fait par l’auteur pour nous faire perdre nos repères. Et c’est peu dire que d’affirmer qu’il y parvient! Nos repères sont floutés, tout comme le monde des personnages qui s’accommode mal de la venue de son auteur: décors qui s’effilochent, qui s’effacent ou qui apparaissent pour ce qu’ils sont vraiment. Les personnages se rendent vite compte qu’ils sont en présence de leur créateur, leur « Dieu ». Se pose alors la question de l’attitude à adopter: le rejet d’un destin tout tracé ou l’acceptation et la résignation a une vie ou tout est calculé et prévu.
Certains trouveront peut-être une similitude de trait avec Katsuhiro Otomo, l’auteur d’Akira et de Domu: c’est normal, il a appris le métier auprès de cet immense auteur. Opus pose les premières fondations de toutes les oeuvres à venir de Satoshi Kon. Il continuera de flouter les frontières entre réalité et fiction dans ses films (auteur dans l’omnibus Memories, réalisateur de Perfect Blue, Millenium Actress et Paprika) et ce jusqu’à sa mort, en juin 2010. Il était une des références de l’animation japonaise, au même titre qu’un Mamoru Oshii ou un Hayao Miyazaki.
Alors si vous n’avez pas peur de perdre vos repères, venez tenter le voyage proposé par un des auteurs les plus troublants du Japon.