Sean Murphy conclut ici ce qu’il avait entamé avec Batman – White Knight et sa lecture alternative et politisée de l’univers de l’homme chauve-souris. Curse of the White Knight, peut-être lu seul, il fonctionne presque comme un « Stand Alone », mais lire au préalable White Knight permettra de prendre la pleine mesure des enjeux et des relations dans ce tome-ci.
Une malédiction pèse sur Gotham, les ancêtres du clan Wayne cachent un lourd secret. Les repères s’étiolent, le doute s’installe, Le Joker guéri et politicien interroge, et au loin, la figure mystérieuse et vengeresse d’un nouveau chevalier commence à inquiéter tout Gotham.
L’intelligence de ce tome et de pousser la réflexion en arrière-plan. Souvent par petite touche, quelques fois grossières, mais majoritairement subtiles et bien amener dans l’histoire. Ainsi le sean Murphy interroge quant à la figure du « super-héro » et de la limite de son pouvoir. Questionnant sans cesse sur les enjeux du pouvoir et du contrôle et à quel moment le principe de « Super » ne bascule-t’il pas vers la figure autoritaire voir totalitaire.
Ainsi, les repères changent les méchants ne sont plus si méchants, les gentils sont plus souvent borderline qu’autre chose, et l’Archétype du justicier ici convoqué, devient le vecteur de tout ce qui est détestable chez Batman et son équipe.
Au-delà de son aspect “pulp”, il s’agit ici d’un tome volontairement politique et faisant étrangement écho, et de manière plutot inattendu, avec l’actualité mondiale de 2020. Un album prenant de part son histoire, intéressante de par le fond, et réussi qui se lit d’une traite, mais questionne longtemps après.
L’ univers de Batman aura toujours été sombre et complexe, il prend ici toute sa puissance symbolique et son aspect théâtral et grandiloquent n’en est qu’encore plus magnifié par le trait de Sean Murphy.
Petit bémol en revanche, le chapitre sur Von Freeze, et pour le coup dessiné par Klaus Janson, paraît superficiel et est presque en trop. Dommage.
Urban Comics,
DC Black Label,
Trad. Benjamin Rivière,
288 pages,
Ted.