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Simon Spruyt Papa Zoglu

Simon Spruyt- Papa Zoglu

Imaginez une bande-dessinée mêlant enfant moustachu, filiation bovine et miracles absurdes, sous fond de magie folklorique slave et médiévale. Le tout relevé d’une mise en page n’ayant rien à envier aux enluminures du XVII ère siècle et d’un scénario digne des Monty Python. Cet OVNI du 9ème Art c’est Papa Zoglu de Simon Spruyt, que l’on peut également désigner sous les noms des Prodigieuses pérégrinations du prince aux vaches ou encore Grandeur et décadence de la ville de Gniezno.
L’auteur belge scénariste et illustre un pamphlet sous fond et forme de conte moyenâgeux, mettant en scène une galerie de personnages farfelus et hauts en couleur pour critiquer des mœurs qui ont la vie dure.

Simon Spruyt Papa Zoglu

Tout commence avec un roi souhaitant si ardemment assurer sa descendance qu’il demande l’aide d’une mystérieuse et inconnue vieille femme. En effet, une carne en fin de vie aurait miraculeusement mis bas à pas moins de 77 veaux, suite à l’incantation d’une aïeule de derrière les fagots.
Le monarque de Gniezno voit son souhait réalisé lorsque sa femme, bénie par la fameuse petite vieille et jusque là infertile, tombe enceinte. S’en suit neuf mois de bonheur et de fébrilité, dans l’attente de la naissance tant attendue du futur héritier. Mais tout ne se déroule pas exactement comme prévu; en effet, la bonne femme étant carrément plus vicelarde que bonne fée, la reine met bas à 77 veaux, tous plus beaux les uns que les autres, avant de mourir d’épuisement. Pour le roi fou de rage, c’est alors une chasse aux sorcière qui commence et toutes les vieilles des alentours sont brûlées vives.
Un beau jour, le bouvier du seigneur est interpellé par une mémé qui lui montre l’accouchement du plus beau bébé du pays… par une vache. Vous l’avez deviné, il s’agit de la même ancienne que celle qui a bricolé le ventre de feue la reine. 

La sorcière, qui doit sûrement avoir un lien de parenté assez proche avec Baba Yaga puisqu’elle possède la même cabane montée sur pattes de poulet, embarque le nouveau né qu’elle nomme Zoglu (chaume en Letton) et l’élève en pleine nature, loin de tout et de tous.
Un beau jour, elle lui annonce qu’elle part vivoter à droite et à gauche, le laissant à son propre sort et en profite pour lui révéler que sa mère biologique est une vache. 

Simon Spruyt Papa Zoglu

Simon Spruyt Papa ZogluBon, le jeune Zoglu n’a donc rien d’autre de mieux à faire que de se lancer dans une quête hasardeuse de ses racines et prend le premier chemin qu’il trouve, encore un peu sous le choc.
Le voilà filer direction Plein Ouest, traversant monts et vaulx au pif et sans boussole. Il croise un couple gay de chevaliers teutoniques ayant comme voisins des bûcherons misogynes totalement arriérés, une gente dame nymphomane emprisonnée dans une ceinture de chasteté dont la clé à disparue pour toujours et pour finir un ramoneur albinos franchement dépressif et suicidaire.
A chaque fois, Zoglu vient en aide limite malgré lui à ces compagnons d’infortune, sans pour autant trouver de piste satisfaisante pour sa propre quête. En plus, ça se termine immanquablement en histoire de fesses, ce qui l’agace prodigieusement: à croire que tout tourne autour du sexe! Or lui n’a pas que ça a faire, rechercher sa mère biologique c’est quand même du sérieux!

Simon Spruyt Papa Zoglu
Simon Spruyt pioche dans les codes des enluminures et des peintures médiévales (postures des protagonistes, bandeaux, typographie ou encore colorimétrie lumineuse rappelant celles des vitraux), créant des planches qui n’ont rien à envier aux tableaux surréalistes de Jérôme Bosch ou à la tapisserie de La Dame à la licorne.
Ce bref récapitulatif du synopsis n’est qu’un avant goût de toute l’imagination de l’auteur ainsi que de son humour grinçant et tordant. Si vous êtes adepte du second degrés, de l’absurde mais aussi amateur de belles images et de scénario bien ficelé, Papa Zoglu fait office de St Graal loufoque dans l’univers de la bande-dessinée

 

Simon Spruyt Papa Zoglu

Éditions Même pas mal
86 pages
Caroline

 

À propos Caroline

Chroniqueuse

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