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Stéphane Beauverger – Collisions par temps calme

Dans la toute jeune collection Eutopia des éditions La Volte, est sorti catimini une Novellas questionnant sur les frontières, les physiques et mentales, celles que nous rejetons et celles auxquels nous nous soumettons volontairement.

Eutopia c’est quoi ? Il s’agit d’un néologisme inventé par l’auteur Thomas More en 1516, ayant pour vocation de mettre l’accent sur le lieu idéal, où il ferait bon vivre. Mais c’est aussi une collection de novellas qui s’inscrivent dans un contexte de société idéale ou qui la mettent en scène.

Dans ce champ des possibles positifs, nous avions déjà eu le droit en guise d’ouverture en 2018 à un court texte de Philippe Curval, à savoir ” Un souvenir de Loti” suivi en 2019 par ”Résolution” de Li-Cam. Une collection fonctionnant sur un rythme lent, tant il est difficile d’aborder cette thématique tout en restant dans le domaine de la fiction, où l’on pourrait vite s’égarer dans la contemplation positive et ennuyer le lecteur avide de sensations et rebondissements.

Mais, les éditions La volte osent, et c’est même une qualité intrinsèque chez eux ! Cette année, rebelote, avec un titre tout aussi interrogateur et discret, «  Collisions par temps calme », mais surtout un auteur ! Un auteur qui a fait énormément parler de lui avec son précédent roman.

Stéphane Beauverger, est auteur est scénariste, et pour la faire court, les jeux Tell Me Why ou Vampyr, il a bossé dessus en tant que scénariste, mais c’est surtout l’auteur de la trilogie Chromozone et du titanesque et maritime Déchronologue qui lui valu la reconnaissance de ses pairs et des lecteurs à travers de nombreux prix. Donc autant vous dire, que ce petit livre risque de faire du bruit !

Collisions par temps calme, c’est l’histoire de Sylas, un ingénieur bossant sur l’IA SIMRI, depuis son île bretonne. Il a une vie heureuse et belle, un lieu magnifique, sa fille, son mari, un métier agréable et un projet maritime avec son mari dans les années à venir. Tout pourrait aller dans le meilleur des mondes, mais, car il y a toujours un mais, sa sœur jumelle à prévu de venir leur rendre visite sur l’île pour les voir une dernière fois et obtenir l’accord de son frère, afin de disparaître complètement du monde que l’on connaît et minutieusement encadré par SIMRI, et devenir ainsi un habitant invisibilisé et vivant à l’état « sauvage » loin de notre société. Une requête que Sylas appréhende, surtout qu’en parallèle, un ancien contrôleur de SIMRI s’est suicidé à suite à une découverte concernant l’IA.

L’auteur, comme dit en introduction, questionne les frontières, et on peut dire un bon nombre de frontières. Sur la société que nous acceptons en nous asservissant volontairement, du progrès que nous sommes prêts à accepter pour le bien commun et ce que nous sommes prêts à accepter individuellement pour les gens que nous aimons. Mais, à travers ce petit récit, Stéphane Beauverger s’amuse également à utiliser cette île comme un laboratoire. Ici les frontières de genre sont déconstruits, le rôle de chacun également, et ne compte ici aussi plus que les limites que l’on peut accepter pour le bien être des autres. Vous ne trouverez pas une femme au foyer et un homme tourné vers l’aventure, bien au contraire.

Utilisant Simri comme un miroir quant au fonctionnement humain, elle aussi, ici, n’est pas parfaite dans son traitement de la réalité et questionne, elle aussi, les limites du réel.

Beaucoup plus fin et poussé qu’il n’y paraît, Collisions par temps calme est un texte court rempli de poésie et de tendresse, mais qui n’oublie pas de stimuler notre regard sur la société et sur les possibles à venir. Jamais ennuyeux, toujours pertinent dans l’approche, ce court texte est une belle réussite qui mérite votre attention que vous aimiez le genre ou non.

Éditions La Volte,
Collection Eutopia,
128 pages,
Ted.

À propos Ted

Fondateur, Chroniqueur

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