S’enivrer au point de tout oublier. Un passe-temps comme un autre, surtout à Hollywood. Dans ce royaume décadent et inhumain, Saul Karoo est docteur, mais un docteur sans diplôme ni titre. Ses patients sont en effet des films et des scénarios qu’il doit rendre commercialement « présentables ». Dans son métier, il est l’un des meilleurs, qu’il faille piétiner les intentions d’un auteur ou détourner le travail d’un réalisateur.
Le livre commence sur un étrange phénomène qui touche notre bon docteur : quelles que soient les quantités d’alcool qu’il ingurgite, il ne parvient plus à s’enivrer ! Alcoolique notoire, il se retrouve alors à feindre l’ébriété en soirée afin de masquer sa « différence » aux autres, voire à lui-même.
Ce livre est une pure merveille et, selon moi, l’un des tout meilleurs de 2012 (une date de parution en France extrêmement tardive puisque le roman a été publié aux États-Unis juste après la mort de son auteur, en 1996!!!). Son rythme, sa qualité de dialogue, sa description méticuleuse du microcosme hollywoodien (d’autant plus facile que Steve Tesich fut lui-même un scénariste à succès, oscarisé en 1979 pour La bande des quatre) et surtout l’humour mordant et caustique du personnage principal font de Karoo un roman passionnant. Je vais rajouter une mention spéciale pour les dernières pages du livre (ne vous inquiétez pas je ne spoilerai pas, promis) qui sont parmi les plus immersives que mes yeux de lecteur aient eu la chance de parcourir.
608 pages
Éditions Monsieur Toussaint Louverture
Jérémy